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La Chanson Grise
poesie
13 août 2020

Parmi la foule (1098)

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Parmi la foule

 

Sur cette mer sans rage où la vague s’étale,

Court un murmure doux venu creuser son gîte

À l’oreille assourdie où les échos se mêlent,

Et la vie se joue là sans mener de combat.

 

Un îlot de silence émerge sur la place,

L’homme assis à la table a bu son dernier rêve,

Et sur sa lèvre en paix vient de naître un sourire

Disant qu’au sein du bruit peut naître la quiétude.

 

 

 

JCP Dimanche 15/12/2019,  foule du marché de Noël, place du Capitole, au Florida.

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10 août 2020

Chaton (1234)

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Cachou, 3 mois

 

 

Chaton

 

La patte avant se bat avec la patte arrière,

Et la queue s’est rendue sous les coups furibonds

De la dent acérée. Un moment de répit

Couronne la victoire, et les rideaux grimpés

En cascade de glace essuient de grands assauts ;

La mouche qui passait vient d’achever son vol

Sous la patte griffue, et le papier froissé

Visite sans repos des lieux inespérés !

Tel verre mal placé, tel bibelot de prix

Finissent leur carrière au bond mal assuré…

 

Tant d’étapes de gloire à la vie de chaton

Propres à un futur où il faudra se battre ;

Et le pardon s’accorde à voir tant d’innocence.

 

 

JCP 08/2020

5 août 2020

Anniversaire (Quatrains, 1231)

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Anniversaire 

 

Le soleil tire à l’arc ses rayons de lumière,

Dont il pique un à un les cratères lunaires ;

Et se voyant parée, la lune qui sourit

Sait qu’il n’oublie jamais ses milliards de bougies.

 

 

JCP 08/2020

4 août 2020

L’enfant de la montagne (1230)

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L’enfant de la montagne 

 

On ne sait qui avait accroché la montagne

Au ciel la tête en bas, offrant tous ses sommets

Au toucher de la main, et d’un curieux prodige

Les neiges les glaciers, les arbres les torrents

Demeuraient suspendus, immobiles dans l’air.

 

Paysage figé où l’œil comme la main

Séjournaient à loisir, tout se réunissant

À portée de la vue ou dans le creux des mains

Par la seule pensée du promeneur ravi -

De contempler enfin sans avoir à gravir.

 

Je demeurai longtemps, caressant les sommets,

Brassant la neige fraîche échappant à mes mains,

Ayant de vastes lacs comme plafonds liquides,

Et voyant l’eau de source envolée jusqu’au ciel.

 

Parut alors l’enfant vêtu de peaux de bêtes,

Un grand chien noir à ses côtés, et le suivant

L’interminable flot du troupeau de moutons

Dont il avait la garde. - Comment faire dit-il

Pour nourrir mes moutons ? La montagne à l’envers

A pris leur pâturage, et l’herbe de vos champs

Ne vaut rien à leur lait, comme à cet agneau-ci

Qui ne grandira plus. Rendez-leur l’herbe verte !

 

Enlacé tendrement entre ses bras tremblants,

L’enfant qui s’avançait portait un agneau mort.

Et, touché par ses pleurs, je dus briser mon rêve.

 

JCP 07-08/2020

29 juillet 2020

Place de la Bourse (1064)

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                                                                                Image : X

 

Place de la Bourse

                                                                     À Michel Houellebecq

 

La haute cheminée vient de couler son ombre

Sur le balcon fleuri, et ne subsiste plus

Qu’un éclair étoilé luttant dans la pénombre.

Ô temps sois mon ami, libère ton reclus !

 

Atlantide à l’amarre en l’océan de pierre,

Une île existe là, que la foule célèbre

Aux saveurs dégustées d’un heureux temps perdu,

Succulentes lenteurs de longtemps attendues.

Et l’hôte de mon corps, où viennent de s’éteindre

Parole et mouvement, y savoure la paix.

 

Mais, gâcheur sans pareil, le temps qui reparaît

Pousse la cheminée, qui couvre de son ombre

La fenêtre et le toit - et me pousse à rentrer.

 

Ô fondre dès demain temps neuf et temps passé,

Retrouver les saveurs de l’île au bord du temps

Que la cheminée fige et puis qu’elle reprend !

 

 

JCP 09/2019 - 07/2020. Fin d’après-midi à « L’Alimentation », place de la Bourse à Toulouse. Regrets de n’y pouvoir retourner en 2020.

 

 ►◄

Comme de nombreux lieux de Toulouse, la place de la Bourse jouit aujourd'hui d'un important regain d'activité. (Ce qui n'est pas du goût de tous les résidents, privés de calme nocturne les fins de semaine...) Image 2019.

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  Image : X,

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26 juillet 2020

Insomnie (Quatrains, 1222)

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Insomnie

                    

Il range un à un ses rayons dans sa boîte

Et ferme ses grands yeux, mais ne peut s’endormir :

Il dort tant de lumière au creux de sa paupière,

Que jamais le soleil ne connaît le sommeil.

 

 

JCP 07/2020

20 juillet 2020

La plume et le poète (1219)

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La plume et le poète

                    

Le papier silencieux qui assourdit le dire

A frappé ses écrits, et le mal qui empire

Assombrit le poète. Les anciennes clameurs

N’emplissent plus son âme, et son génie se meurt.

 

Les mots fleuris les mots guerriers se sont enfuis,

Et sa plume asséchée a retrouvé l’ennui

Des journées sans écrits. Elle pense à la joie

Qu’elle connut naguère, au vol des grandes oies.

 

Et la plume soudain se lance et écrit seule,

En longues larmes d’encre elle écrit son chagrin,

Comment du grand oiseau elle tomba de l’aile,

Pour finir tristement à griffonner quatrains.

 

Éveillé par le cri de la plume au papier,

Le poète copia le poème tout fait

Et l’offrit plein d’espoir à celle qu’il aimait,

Qui en fut tant émue qu’ils furent se marier.

 

 

JCP 07/2020

15 juillet 2020

Porte de sortie (1216)

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Porte de sortie

 

Ingénieux accessoire, il avait avec lui

Une porte de poche et l’empruntait parfois,

Saluant et quittant toute part de sa vie

Qui pouvait lui déplaire, et il disparaissait.

 

Ayant su le prodige et pleine de courroux,

Voulant lui faire voir que toute vie s’achève

À son propre vouloir, la faux déjà levée,

La Mort vint le trouver - mais il était sorti.

 

 

JCP 07/2020

13 juillet 2020

Navire abandonné (1214)

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Navire abandonné

 

 

Elle sent le goudron la barque sur le sable,

Et sa coque trouée laisse passer les herbes.

Mais l’eau n’y entre pas si l’on ferme les yeux,

Et c’est dans un ciel bleu tout hérissé de rames

Que l’ombre des pirates et du pavillon noir

Se mêle aux cris d’enfants d’un heureux autrefois*.

 

 

* Sans tablette ni smartphone les pirates existent.

 

JCP 07/2020

10 juillet 2020

Fuir (Quatrains, 1068)

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Fuir

 

C’est au troisième jour de sa nouvelle vie

Qu’il sut qu’il n’est d’enfer qu’on ne porte avec soi,

Et qu’il demeure en nous en quelque lieu qui soit :

Qui court au bout du monde emporte ses folies.

 

 

 

JCP, un 22 Septembre

7 juillet 2020

Peinture vivante (1210)

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Peinture vivante

 

                                                   À Jules Supervielle

 

Il n’y avait personne en la cuisine vide.

Seul un peu de fumée s’élevait du fourneau,

Et de riches senteurs trahissaient une soupe,

Cuisant à petit feu dans la marmite brune.

 

On ressentait pourtant une présence proche,

Vibration impatiente au-dessus de la table,

Où le couvert dressé attendait les convives.

Mais il ne paraissait toujours rien ni personne.

 

Soudain contre le mur, sur la toile noircie

Accrochée à un clou, quelque chose a bougé :

Le couple qui priait a laissé l’angélus,

Et fixe la marmite, assis au bord du cadre.

 

 

JCP 07/07/2020

19 juin 2020

Garçon, un "Perrier-tranche"

Cette prose, datée du 23 Avril 2016, écrite pour partie devant guéridon à la terrasse du très regretté Florida (bientôt...), haut lieu toulousain s'il en est en la matière, a pris un caractère d'actualité qu'on ne soupçonnait pas alors...et mérite peut-être réactualisation en ces temps qui sont...ce qu'ils sont.

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Garçon, un "Perrier-tranche"

 À Philippe Delerm

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                                  Le Perrier-tranche ne se boit pas, et se savoure moins encore, tant il est avare d'arôme et d'enthousiasme buccal : le prestige est ailleurs.

Son buveur oppose une signification déclarée, discrète et silencieuse mais affirmée, aux partisans de boissons plus colorées - bière ou soda. Il signale aux premiers une claire abstinence, aux seconds l'incolore pureté de ses propres ingestions, aux deux réunis la préoccupation sanitaire d'un corps sans tache enfermant l'esprit pur.

Car la consommation raisonnée du Perrier-tranche se mérite : le plaisir seul de la papille - passée l'acide chatouille carbonique au palais - y étant mince, une machine toute autre est à mettre en route au plus profond du buveur. Tout est là.

Que faire en premier de cette paille de plastique, si lointaine aujourd'hui du chaume porte-blé que nul aujourd"hui, corps et mental rivé au rectangle lumineux que caresse sans fin la main valide, ne songe à la céréale blonde, portant la longue tige en bouche. Tube aspirant dont on délibère un peu de l'usage opportun, et qu'on préfèrera délaisser, engagée dans le ventre vert de la bouteille vide, se préservant ainsi des stridulations honteuses de fond de verre.

Alors, le geste délicat, la longue cuillère immerge, accule et presse au fond du verre la rondelle ensoleillée, sans qui de mornes fadeurs attristeraient une cavité buccale uniquement soumise aux remous pétillants de la bulle éclatée.

Mais la boisson n'est pas encore prête : dans le fin torrent des globes argentés qu'appelle la surface, le buveur ne manque pas de considérer l'intrusion, puis l'émersion inopinée de quelque graine échappée de la pulpe. Alors, le regard bas et la cuillère circonspecte, il rejette - discrètement - la semence ovale et claire au pied du guéridon. Le moment de gêne est passé : il n'a pas été aperçu.

Et c'est alors que le liquide, où se répand le trouble citronné, s'ingère enfin à gorgées mesurées en veillant toutefois, à l'image du verre où s'est tue la tempête, à ce que d'inconvenants borborygmes ne viennent ternir, si durement établie, la prestance du buveur de Perrier-tranche.

 

 

JCP 23 04 2016  À la terrasse du Florida, Toulouse.

6 juin 2020

Plus loin (1189)

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                                                                               Edvard Munch

 

 

Plus loin

 

 

 

                       I

 

Soudain la voile enflée

Ouvre un sillage neuf,

Et les points cardinaux

Ne sont plus que chimères.

 

 

                    II

 

- Chemins de la pensée

Qui ne portez de nom

Que celui qu’on vous donne,

Faites-moi voir un monde

Où la raison s’égare !

 

- Où des arbres dormeurs

Sont porteurs au matin

De grands fruits de lumière ;

 

- Où la lente agonie

De mornes arcs-en-ciel

Mêle des larmes noires

Aux cadavres d’aurores ;

 

- Où de jeunes étoiles

Qui n’eurent pas de nom

Enflent de leur chagrin

Des fleuves de cristal ;

 

- Où l’horizon brisé

Laisse saigner le bleu

De cieux à peine nés ;

 

- Où l’herbe pousse au jour

Pour mourir à la nuit,

Et recroît dissemblable

À chaque aube nouvelle ;

 

- Où l’ombre et la lumière,

Étroitement mêlées,

Se moquent des frontières

Que voudrait la couleur ;

 

- Où des hordes riantes,

Faisant compte d’étoiles

Sous les nuages bleus

Qui caressent leur front,

Complètent le chaos

D’un tableau qui s’ignore.

 

 

                III

 

Le rêve a son éveil,

Et voyager sa fin ;

L’irrégulier retourne

À sa morne droiture…

Et je revis sans joie

Le port du vieux pays

Qu’il faut nommer Raison.

 

 

 

JCP 03-06/2020 

18 mai 2020

Sablier (1205)

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Sablier

 

Par l’inverse inversé d’une éternelle main,

Oublieux de la mer, le lent flot enfermé

Des gisements marins s’est imprégné du temps,

Et coule indifférent aux désirs des vivants.

 

Montagne délitée qui d’une autre se forme,

Gravités opposées où deux sommets s’attirent ;

Contradiction suprême où les humeurs humaines

Espèrent délivrance ou bien stabilité.

 

 

JCP 05/2020

8 mai 2020

Viol (1203)

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                        Viol

 

                               Bourreau d’un élément

                               Où il ne peut survivre,

                               Pousse et brasse et repousse

                               Et pénètre en son sein,

                               Et laisse la souillure

                               De sa soif de voyage.

 

                               Humide viol des eaux

                               De l’homme sans remords

                               Par la coque et l’hélice.

 

JCP 05/2020

26 avril 2020

Quiétude estivale (1201)

 

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Quiétude estivale

 

Dans la sourde chaleur,

Midi s’est chargé de silence.

L’azur est déserté,

Aucune herbe ne craque.

 

Soudain sur la pelouse,

L’ombre d’une feuille a bougé,

Fêlure de quiétude

Aussitôt refermée.

Souffle léger

De l’envol d’un oiseau ?...

 

Délicieuse oisiveté

Des journées lentes de l'été.

 

 

JCP 04/2020

19 avril 2020

La peur heureuse (1179)

 

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                                                                                      La grotte d'Oubièges (Ambialet, Tarn)

 

                            La peur heureuse

 

                                    Tout au fond de la grotte

                                    Humide et ténébreuse,

                                    - Délicieuse frayeur -

                                    On sent qu’il se chuchote.

                                    Et reviennent au cœur

                                    De vieilles peurs heureuses :

 

       Le temps dont la mesure

       A perdu ses valeurs

       Nous rend la trace obscure

       De nos anciens bonheurs.

 

                                    Mais le futur qui souffle

                                    Nous porte un vent d’oubli

                                    Où le présent s’essouffle,

                                    Et le rêve s’enfuit.

 

 

 

JCP 02/20 - 04/20 Aux anciens souvenirs

25 mars 2020

Nostalgie (964)

 

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Nostalgie

                                       "Je me souviens des jours anciens..."

                                                                             Paul Verlaine

 

 

J’égarai mon enfance au gré des chemins creux,

Sur les pentes ardues des bois de châtaigniers,

Dans la boue des galets des îles de Septembre,

Et la bruyère drue des coteaux sommeilleux.

 

Flûte taillée du saule, herbes dans le courant

Où veille le brochet, serpents araignées d’eau

Et demoiselles bleues vives comme le vent,

La caresse du flot assis les pieds dans l’eau…

 

Feuilles mortes foulées aux pentes des ruisseaux,

Petit pont de vieux bois qui d’un seul bond s’évite,

Baies sauvages fruits verts, reliquats des vendanges,

Pommes sans pédigrée acides à la bouche…

 

Ô buissons repoussés qui cachaient des merveilles,

Le silence et la paix des caches ignorées,

Palais imaginés que referme le vent,

Et parfum enivrant de la fleur de genêt !

 

Aujourd’hui retourné vers ces anciens bonheurs,

Le temps ce gaspilleur en a tant effacé

Que mon œil incertain, de la plaine à la rive,

Des émotions passées ne voit plus que chimères.

 

 

Jyssépé 12 / 2018

22 mars 2020

La mort du rêve (1164)

 

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                                                             Manet, Julie rêveuse

 

 

                                             La mort du rêve

 

                                             Par le lointain voyage

                                             Ou le sommet vaincu,

                                             Meurent au fond de nous

                                             Les plus beaux de nos rêves.

 

                                             Est-il un cimetière

                                             Où se pleurent les rêves ?

 

 

JCP 02/2020

15 mars 2020

Outrement (1191)

 

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Outrement

 

Née d’un œuf de hasard, la feuille déployée

Se voit pousser un bec et se met à chanter,

Et l’oiseau qui volait se pose sur la branche

Qu’il ne quittera plus, suspendu comme fruit.

 

Si le noyé revit depuis le fond du puits

Sous forme de poisson, c’est que la pierre vit

Et croît comme l’arbuste. Résolus des Lointains,

Les ordres inversés ont écarté l’humain.

 

Injecté l’outre-sang paraît une outre-vie,

Et l’on voit outre-ciel l’Univers qui sourit.

 

 

 

JCP 03/2020 

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