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La Chanson Grise
28 février 2021

Antiquités (1152)

 

 

 

 

Antiquités

 

Jour après jour lissés

de mains de long temps mortes,

objets que seule anime

la poussière du temps,

 

en tous vos corps hagards

conservez-vous cachée

la mémoire oublieuse

des êtres du passé,

 

qui votre peau si lisse

jour après jour lissèrent ?

 

 

 

JCP 01/2020

 

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16 février 2021

Entre les notes (Quatrains, 1317)

 

 

 

 

Entre les notes

 

Le silence est venu se glisser dans la salle,

Et le grand homme sombre aux mains pleines de vide

Le jette entre les notes. Alors, mélancolique

Ou bien pleurant de joie, le silence est musique.

 

 

 

JCP, 02/2021

15 février 2021

La grève des éboueurs (310)

 

 

 

La grève des éboueurs

 

À Julien Gracq,

                                              À Gustave Flaubert

 

                          C’était à Rosemont, faubourg d’Orgeville, dans une des maisons basses de la rue des Inclinations.

Sous le feu croisé des discussions, le flot des paroles proférées s’amassait parmi les couverts, jaillissant sur la table en jets discontinus, éphémères fulgurances entrecoupées de pur silence.

Et l’on voyait mots et phrases éclater en comètes mortes et se répandre, cadavres inintelligibles, sur la nappe en masses informes de graphismes entremêlées.

Tard dans la soirée, alors que déclinait la parole, on dut ouvrir portes et fenêtres et rejeter l’inutile résidu des entretiens jusqu’au milieu de la rue, où l’on voyait grandir la montagne inerte des mots déjà dits.

Ce fut à l’aube qu’apparut l’ampleur du désastre : les millions de mots, proférés depuis le début de la grève des éboueurs de phrases mortes, partout jonchaient le bitume, putrides et malodorants.

Aussi, on ne peut que déconseiller Orgeville avant que ne trouve issue le fâcheux conflit social.

 

 

JCP  14-21/11/2010 ; 01/2021 B

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