En el pecho
En el pecho
ou : héros d'un jour
Né bilingue (occitan-français), j'ai toujours aimé les langues, mais c'est en espagnol où je brillais le plus, le pratiquant à toute occasion (Midi-Pyrénées, Occitanie aujourd'hui, oblige).
Remplaçante jeune, belle et pulpeuse de notre vieil encravaté-chapeauté-chauve de prof d'espagnol, dès son premier cours sa vue nous plongea tous dans l'émoi le plus vif, à un âge où les énergies tendent à se focaliser...
Désigné pour le jeu des questions-réponses celle-ci me demanda :
- ¿ Cuantas bombillas hay en el techo ? - "Combien d'ampoules y a-t-il au plafond ?".
Incapable hélas du moindre regard vers le plafond, tant il était figé sur sa poitrine idéale sise dans le déraisonnable moulé de son pull, c'est l'instinct qui me dicta :
- En el pecho hay dos bombillas. - "Sur la poitrine il y a deux ampoules" - immanquable facétie (en outre le plafond en comptait quatre) provoquant - cancres exceptés - l'hilarité générale.
Pecho / techo, une seule lettre pour autant d'effet, je me sentis rougir jusqu'à la pointe des cheveux, et vis que l'on pouvait remarquer de même une certaine coloration cutanée sur le joli visage de la jeune professeur, dont la voix se troublait.
Je fus vivement réprimandé pour le chahut et, n'osant répondre à mon allusion, celle-ci passa d'emblée à la question suivante, alors que les rires et les pouces levés vers moi s'apaisaient difficilement.
JCP 11-12 2015 Pour Les Impromptus Littéraires (Un enseignant qui vous a marqué)