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La Chanson Grise
7 juillet 2019

Altri progetti ("Monde Neuf", 1018)

 

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Altri progetti

 

Il a haussé le ton et son geste s’anime.

Il insuffle au néant sa vision d’outre-monde,

instance manifeste au creuset de la Vie :

le cours de l’existence a tremblé sous son doigt.

 

Il rassemble, prend et presse entre ses mains

l’argile crue du vide cosmique,

unit toute étincelle en un creuset unique,

mais son vouloir s’érode et son geste prend fin.

Il sait alors que le Monde Neuf se fera sans lui.

 

Les jours s’enfuient, rejetant leur durée ;

toute trace effacée, objet-sujet fusionnent,

le permanent se meurt au pied de toute cause,

et seul le temps muet sait l’avenir des roses.

 

 

Jyssépé 04-06 19

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13 juin 2019

Calligraphie (1025)

 

                          

Laisse de haute-mer,

longue ligne tracée haut sur le sable,

débris asséchés repris des eaux futures

et reconduits tant de fois encore…

 

Voyage au gré de la vague et des vents

de feuillages lointains,

herbages surgis des profondeurs,

squelettes rompus d’êtres marins ;

âcres fumets de décompositions

séchant au soleil.

 

À l’encre venue d’outre-rive se trace,

sinueuse sur le sable des grèves,

la fugitive calligraphie des mers.

 

 

 

JCP 06/2019

6 juin 2019

Méprise (0897, "Monde Neuf")

              

          Le grand miroir des ombres vertes a capturé monture et cavalier, mais l’embellie d’image à foison de galop laisse au silence intime une place inchangée. La balance, on le voit, penche du bruire et de l’agir vers un plus grand repos.

         Impropres à la pierre, des frissons de surface augurent d’un grand déséquilibre, car si l’herbe du chemin n’est pas encore née, les eaux noires du lac se parent des diamants que lui offre le vent, signes flagrants d’un autre devenir.

          Les voix se sont tues. Une fin plane ici, mais nul n'a vu le début. Et l’on redoute un effet orbital que l’inversion des gravités pourrait compenser mais les altitudes, trahies par le vent, doivent s’y refuser.

           Présage funeste, barrières brisées, murets de pierre sèche renversés, le bétail des estives a rejoint la vallée.

          Ce monde, qui vient de reprendre une gestation laissée inachevée, n’était pas pour l’homme.

 

 

JCP 04/18 - 06/19

26 mai 2019

Souffles (1015, "Monde Neuf")

Souffles

 

                                                                   À St John Perse

 

C’étaient des vents immenses,

de vastes vents de continents qui repoussaient tous sables,

ailleurs de terres pures aux frontières coureuses d’un ouest sans ses mers.

 

Comblés les sillons de la terre, repoussées les rivières,

se découvrait à nu l’espace vierge, hypothétique promesse de vie,

page blanche offerte à toute création.

 

Mouvements innés de grands siècles cosmiques,

bouleversements des plus grandes eaux,

vacuité des grèves au ressac invisible

où jaillit l’inéquitable aux alarmes d’interrègne…

 

Du plus loin des terres désolées

s’unissent aux sables des mers accourues,

et le hurlement des vents qui s’apaise

voit la renaissance lente des herbes tendres de la vie.

 

 

Jyssépé 04-05 / 2019, inspiré par le recueil de poésie « Amers » de St John Perse

14 avril 2019

L'ombre de Sisyphe (0980, "Monde Neuf")

 

Comme apparue du fond des âges,

la pierre toujours dévalée qu’un même effort remonte

brûle son lent volume d’une érosion de parade,

et rien ne paraît vouloir changer.

Le rocher redescend et les pôles demeurent :

Impérieuse gravité que l’homme laborieux apprend encore à vaincre.

 

Avenir mal bâti d’une brique friable,

tu étais pourtant beau,

déposé sur la table à la lueur des lampes !

 

Mais tant d’écrits de l’homme s’érigent en vanité

qu’aux méandres de l’esprit la pensée peut grandir,

mais l’ombre de la main qui parcourt l’escalier

n’en balaiera jamais un seul grain de poussière.

 

 

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Jyssépé  01-03 / 2019

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18 mars 2019

3, 4, 5 ; Trinité !

 

                                                                                    À Montesquieu

 

Connu des pharaons, prodige de rigueur

Où l’angle droit s’impose à l’œil du bâtisseur,

Triangle 3-4-5, c’est ainsi qu’on t’appelle,

Et tu guides toujours la pioche ou bien la pelle.

 

Pythagore dit-on, sans boire et sans manger,

Te contempla dix jours nourri de ta beauté !

Triangle 3-4-5, il est tant de merveilles

Enfouies dans nos cœurs que ton tracé réveille…

Poésie de la forme, ô triangle parfait,

Sois pour toujours mon Dieu, je serai ton sujet !

 

Ainsi je te vénère, ô Trinité Unique,

Et t’offre ces versets, où la mathématique,

Chant pur, accent divin, exprime clairement

Que toi, Plus Grand des Dieux, vis seul au firmament :

c = √ (a² + b²)

5 = √ (3²  + 4²)

5 = √ (9 + 16)

5 = √ 25

5 = 5 : Plénitude de l’exact, beauté parfaite,

Donnerons-nous un jour la majuscule au chiffre ?

 

Toi, Vertige Divin, Ange de complétude,

Toujours, du haut des Cieux, sois ma béatitude !

 

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(- On peut bien adorer le Coq ou la Pendule, mais soyons vigilants :)

http://chansongrise.canalblog.com/archives/2018/03/20/36246470.html

 

 

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Jyssépé 03 2019, Thème proposé aux Impromptus Littéraires : "Si les triangles faisaient dieu, ils lui donneraient trois côtés" (Diderot, Lettres persanes).

18 février 2019

Himalaya (0966)

 

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Himalaya

 

À toute couleur de corde et de soie,

oriflammes qui battent au vent des cimes,

se lit l’essence indiscrète

des destinées qui se veulent plus belles.

 

Venus de lointains horizons

que peuple une herbe rase,

hommes et bêtes convergent lentement

vers ce lieu de fête célébrée par le vent,

et l’on entend le souffle lent de la montagne,

qui porte en lui le parfum rare des fleurs de mélancolie.

 

La lumière des hauteurs plisse les yeux,

mais les regards partout s’égarent

aux tourbillons de tissus colorés,

de perles aux cheveux tressés,

aux sourires timides qui ne disent pas tout.

 

Ce soir peut-être,

sur les hauteurs de ce monde que la lumière inonde,

verra-t-on fleurir de ces fleurs si belles,

que l’on dit éternelles,

et qui naissent au fond des cœurs.

 

 

 

Jyssépé  01-02 / 2019

15 février 2019

La voix du silence (0968)

         

"Le silence est l’élément dans lequel se forment les grandes choses."

                                                                                Maeterlinck

Deux silhouettes de hasard

tout près de la vitre embuée.

Gestes timides, voix retenues,

parole sublimée qui veut frôler le cœur

et dit si peu.

Et voudrait dire tant.

 

L’échange des regards,

qui soudain se fait trouble,

tout au fond du silence

relègue l’éloquence.

L’attente se fait doute.

 

Imprudente et tremblante,

la main s’élève et brise la réserve :

quelques gouttes de thé,

qu’un rayon clair traverse,

ont coulé sur le bois verni.

Et deux regards illuminés s’y croisent.

 

Entremetteuses délicates,

les perles qu’on ne boira pas

se font interprètes.

La retenue s’effrite, le geste prend naissance,

mais la tempête des mots qui grondait sourdement

s’en remet encore au silence :

 

Sur le bois clair, lisse et poli,

- rencontre un jour de pluie -

deux mains se sont unies.

 

 

Jyssépé  01-02/2019, un jeudi de janvier au « Cardinal ».

9 février 2019

Camembert (0986)

  À Francis Ponge,

à Gaston Bachelard

                      et à Philippe Delerm.

                  
◄►

 

                           La forme s’oppose au carré blasphématoire, que le grand dieu capricieux lui-même eût réprimé, et, bien que d’un profil boisé pour les plus nobles, d’aucunes, du carton roturier - mais coloré - se satisfont. La boîte est ronde.                  

Un papier blanc poli brillant - nul n’osa l’argent - renferme le joyau qui, pour beaucoup, de lente péremption se prise.

Ici point de calcul savant ni de formule, le moderne n’a d’emprise sur le toucher sensible : la science s’arrête là ; et l’implacable logique cellulaire, qui fleurit à tant de creux de main, se montre impuissante. L’empreinte investigatrice, dont la courbe s’étire aux lenteurs mesurées d’une pression interne encore ignorée, se montre souveraine : tous sens éveillés, les senteurs dubitatives jouent le pari du goût !

Sous un affaissement qui se pèse, la lame crève, incise et sort engluée : une part du doute vient de se retirer. Et le précieux triangle, d’où s’écoule la marée lente d’un flot crémeux accosté sur la grève de porcelaine nous renseigne, alors que les effluves de saveurs promises nous parviennent. On croit déjà savoir.

Objet premier de l’esprit que l’imagination magnifie, passée l’épreuve décisive du goût, dont le plaisir dépend, le prestige du fromage s’écroule graduellement, et n’est plus bientôt que processus nourriciel :

- Mastication

- Déglutition

- Digestion

- Transformation

- Assimilation

- Exonération résiduelle.

On le voit, les plus belles histoires ne tiennent pas toujours leur poésie jusqu’au dernier vers, et parfois l’on croit voir dans la boîte fermée plus que ce qui paraît dans l’assiette.

 

 

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Jyssépé  02 / 2019 Sur une idée des Impromptus Littéraires : « On va pas en faire un fromage ! »

23 janvier 2019

Impermanente dune (0769)

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Impermanente dune

 

Vaste sablier du temps, la dune lentement

Sous la brise de mer égrène ses tourments.

Le pas du promeneur aux traces sans visage

Disparait doucement sous les rides sans âge,

Et la grève à son pied menace du néant

Les jeux de sable fin délaissés des enfants.

 

Soudainement accru, un souffle atteint l'oreille,

Y parle de lointains et retourne à sa veille ;

Le cri d'un oiseau blanc parfois déchire l'air

Puis se fond dans la paix des rumeurs de la mer,

Alors que sur les eaux parviennent les senteurs

De rivages dorés ruisselants de chaleur.

 

Royaume impermanent que la brise ensorcelle,

Masse paisible et nue, fragile citadelle

Assiégée par la vague, des vents te comblent d'or

Quand d’autres plus cruels ne veulent que ta mort.

 

 

JCP 11/2016 – 11/2018

12 janvier 2019

Mornes vestiges (0938)

 

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                                                                                                                              Salton sea (Colorado) : sel et pesticides ont eu raison de toute vie.

 

Mornes  vestiges

 

                         Du passé désolé qu’une main factice - tempête de vigueur accostée au lourd néant des eaux - effleure sous les yeux des falaises insignes, ne paraît que relents affaiblis de forces très anciennes. Et, vastes autrefois, les mers intérieures, longtemps assaillies de blancheur, se sont retirées vaincues.

Entonnoirs de la mort, d’implacables écroulements au cœur même des sables nus défigurent les dunes. Et l’astre qui brille plus fort tout au long des péninsules semble estimé du néant de ces eaux noires, liquides charbonnés surgis d’entrailles vierges de soleil.

Sur le lit déroulé d’êtres en déroute, l’été jailli de sphères disparues laisse à la bouche le relent d’amertume de sels éblouissants où le pied ne prend pas de pas, et les froids oubliés donnent à ces cadavres de chaleur l’indicible saveur des anciens nutriments.

Aux sillages de poussière, brèves apparitions que de grands vents referment, se lit le vestige mort-né, migration de vies précaires au devoir d’abandon des grandes tragédies.

Œil glauque asséché, ouïes sans mesure ouvertes et pestilences enfouies qu’un pied de hasard ranime, des souffrances passées sous les eaux disparues ont laissé leur empreinte, et l’insecte noir qui grattait ces terres de famine s’est enfui.

La coque de bois gris d’une barque éventrée bâille de son dernier soupir, et sur d’anciens débris que le fin cristal a poli, se déchiffre le vouloir mort d’un vivant oublié.

Parmi les mousses, qui s’effritent en flocons grisâtres, court encore un lézard au sourire de pierre de murailles écroulées, et partout les vents enflammés rassemblent au creux des sables des escadrons de mouches mortes.

L’avenir expiré de ces horizons désolés de solitudes grises se fond au mirage des airs brûlants.

 

 

En savoir plus sur Salton Sea :

https://www.youtube.com/watch?v=ljyCic1lKXw

 

 

Jyssépé 11-12 / 2018

26 décembre 2018

Divin Ratage (0745)

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Divin Ratage

 

Un serpent serpentait au pied d'un arbre à pommes,

Quand vinrent affamés une femme et un homme,

Convoitant les beaux fruits à leur maturité,

Comme on les voit parfois dès la fin de l'été.

 

Menaçant leur festin, le reptile se dresse,

Ajoutant à leur faim une infinie détresse.

Et voyant le serpent briller de l’œil du mal,

D'une pierre lancée l'homme tue l'animal.

Or l’estomac repu de fruits en abondance,

Ils voulurent goûter du fruit de jouissance.

 

N'ayant du serpent mort appris l'acte d'amour,

On les vit s’éreinter jusqu’à la fin des jours -

Sans jamais concevoir quelque progéniture.

Le couple disparu s’arrêta l’aventure,

Et l’on ne vit sur Terre qu’animaux très gentils.

Alors Dieu se leva, s’inclina, et partit.*

 

 

* Bien que parfaitement authentique car jamais démenti, cet incident de la Divine Création (on dirait « bug » de nos jours) est peu signalé dans les grands ouvrages monothéistes.

En vérité il faut le dire, les dieux gagneraient en crédibilité si, d’un ego plus modeste, ils avouaient leurs échecs.

 

 Jyssépé 11/2016 – 12/2018

14 décembre 2018

Le Haut et le Bas (0951)

 

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Le Haut et le Bas

 

                                Extirpée pour un temps de son obscur logis, la Cave un jour vint trouver le Grenier et lui dit :

- Vous dont le front touche aux nuages, et qui du monde et ses lumières voyez toute l’image, sachez que ce regard si haut placé ne nous est pas donné à nous les Caves, et nous ne savons rien du jour qui - dit-on - alternerait avec la nuit. Ainsi, je serais très heureuse si vous pouviez m’entretenir de ces merveilles.

- Et que vous fait ceci, répondit le Grenier, demeurez donc en bas et ne vous souciez point du haut ! Car voyez-vous, ici, on est élevé en tout et l’on ne tient que propos supérieurs. Des astres familiers, des étoiles et du ciel vous ne sauriez rien comprendre, retournez donc sous terre et ne nous ennuyez pas de vos pauvres discours.

La cave, bouche bée, ne sachant que répondre au malotru, préféra se taire et rejoignit, tête basse, ses profondeurs familières.

Or il advint que la Terre, lasse des immobilités, voulut faire quelque exercice, et se mit à trembler. Terrifié, perdant déjà ses tuiles, le Grenier en appela à l’hospitalité de la Cave qui, elle, ressentait bien quelque chatouillis en ses bas fondements, mais n’en était guère incommodée.

- Vous tremblez, je le regrette, lui répondit la Cave, mais ne vous souciez donc point de nos affaires. Vous ne sauriez nouer de relation avec plus bas que vous, et ne comprendriez rien à notre morne et sombre vie, trop loin de cette lumière qui vous va si bien ; vous, nobles gens du haut.

Sur ces entrefaites, le Grenier s’écroula.

 

 

Jyssépé 12 / 2018 Publié aussi sur Les Impromptus Littéraires

2 décembre 2018

Vieux pavé (0949)

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                                                                                                                                       Vieux Toulouse : rue Bédelières (im. JCP)

 

 

Vieux pavé

 

Ô délices des senteurs oubliées,

effluves d’un passé révolu

que faux marbre, métal poli, béton immortel et verre fumé,

trop ruisselants de moussante lessive,

ont à jamais bannis de notre connu olfactif…

 

Où êtes-vous, arômes putrides des fonds de cave où prospère le rat,

êtes-vous à jamais enfuies, exhalaisons des poutres moisies

ou du salpêtre au crépi décollé ?

Et vous, bouquets fins des urines fermentées,

cadavre de boisson où se lit misère et splendeur :

perdus pour toujours ?...

 

Ainsi nous te célébrons, rue Bédelières,

mémoire du passé, biographie vivante de l’émanation retrouvée,

page émouvante d’archéologie

où se met à jour l’excrétion qui se cache,

et te décernons le Grand Prix du Patrimoine Odoriférant !

 

 

 

Jyssépé 11 2018

25 novembre 2018

Salutaire désaccord (0943)

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Salutaire désaccord

 

                     La Mort, quittant discrète au petit matin le chevet d’un trépassé, vint à rencontrer la Vie, toute assourdie encore, elle, des vagissements d’un nouveau-né.

S’étant, contre toute attente, saluées courtoisement, la Mort dit à la Vie :

- Quelle absurdité que notre sort, à toujours défaire ce que l’autre s’éreinte à faire, Vie, ne trouvez-vous-pas ?

- Certes, comme vous je suis lasse, mais l’Univers est ainsi fait que tout ce qui vit périsse par vos soins, et qu’en ce qui meurt j’aille encore puiser la vie.

- Que ne cessons-nous alors un labeur inutile, prenons un repos mérité ! poursuivit la Mort.

- Signons donc un accord, c’est convenu, Mort, jouissons ensemble de la vie !

- A ceci je ne vous suis pas : seule la mort est jouissance, où par mon action rien n’a plus lieu de se faire et d’où naît le repos : Vie, suivez-moi dans la mort !

- Apprenez alors que le plaisir est seul dans le faire et le vivant : Mort, rejoignons de concert ce qui vit et se meut !

- La vie n’est que souffrance, le faire est éreintant ; l’inerte seul vaut qu’on le loue : ténèbres et néant, voici le seul bonheur, me tuerai-je à vous le dire ?

 

Et la nuit terrassait déjà le jour que ce dialogue de sourdes n’avait trouvé le moindre accord.

Reconnaissons que la chose est heureuse.

 

 

JCP 11 2018

15 novembre 2018

Eau (0939)

 

Eau

 

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JCP 11 2018

8 novembre 2018

Impermanente forme (0937)

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                                                                                            "Impermanence de Coupe à Thé sur Plaque Bambou" par Jyssépé

 

Impermanente forme

 

Implacable incertitude, la tentation destructrice hante le rêve,

tempête de mer qui soulève et brise,

rassemble et recoud la poussière des eaux et la sépare encore :

L’amour du débris passe par la rupture.

 

Infinie pureté de l’éclat des cassures,

Surface sacrée où l’œil se refuse,

Idée naissante du malheur des porcelaines (ont-elles une âme ?),

Mais, Ô sublime grain d’image neuve,

forme indécise au ciseau des épaves

que transfigure - élan de vie unique -,

le geste pur exempt de tout vouloir !

 

Œuvre extravagante,

œuvre absolue d’un art fulgurant,

forme des formes témoin d’un seul présent,

trait de créateur au pinceau du hasard :

Artistiques débris des porcelaines !

 

 

JCP 11 2018

2 novembre 2018

Clavecin (0771)

 

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L'orchestre de chambre de Toulouse à St. Pierre des Cuisines. Direction Gilles Colliard, clavecin Samuel Crowther, violoncelle Anne Gaurier

 

Clavecin

 

Cliquetis vif, son de rideau de perles,

Aigus déclics qui sous la main déferlent,

Ondée de sable ou bien mouche au carreau,

Piaillement de volée de moineaux.

- Faible instrument, le dernier rang te voit,

Doux clavecin, mais il ne t’entend pas.*

 

 

* Dans le cas présenté (image), clavecin non soliste dans une salle de 500 spectateurs.

JCP 12 / 2016 – 11 /2018

 

Sonates de Scarlatti par le regretté Scott Ross (1951-1989) :

https://www.youtube.com/watch?v=9pUftGTLRnQ&list=RD9pUftGTLRnQ&start_radio=1&t=21

 

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27 octobre 2018

Au parc 3 (715)

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Au parc (3)

 

 

Bruit de l'eau cascade blanche au soleil.

 

Cris d'enfants ballon blanc sur l'herbe rase aux senteurs fraîches,

ombre et soleil au couteau de l'été ;

la grille est grande ouverte ; un vélo passe.

 

Des pas sur le gravillon.

Sur le banc la vieille dame a souri.

Le vent qui court s'habille coquet d'un nuage de pétales,

rejette soudain sa robe fripée dans l’herbe

et s'enfuit, invisible et nu parmi les arbres.

Le silence des tout petits bruits retombe sur le grand parc.

 

Bruit de l'eau cascade blanche au soleil.

 

 

 

JCP 07 2015 Au jardin public du Grand Rond (Toulouse), image JCP

8 octobre 2018

L'âme du bois (0754)

 

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L'âme du bois

 

                                                                       A Rimbaud, à Baudelaire

 

Le tiroir arraché montre une litanie

De vieux tissus fanés, vestiges de la vie

A l'ombre de ces murs, qui virent tant de larmes

Aux départs sans retour sous les anciens vacarmes.

 

D'anciens sucs desséchés, sur un pâle satin,

Dénoncent indiscrets d'obscurs plaisirs éteints ;

Le froid des hivers morts se lit aux grosses laines,

Où transparaît toujours le labeur et la peine,

Et le rude drap bleu, reprisé délavé,

Porte à sa trame usée la sueur des étés.

 

Des larmes invisibles, au sein d'étoffes noires,

Et des mouchoirs froissés parlent des anciens deuils,

De proches réunis tout autour d'un cercueil,

Et de sombres veillées effacées des mémoires.

 

Entourés de rubans dans un tiroir secret*,

Dorment des mots d’amour aux nœuds jamais défaits,

Qu’une vie de labeur a chassé des mémoires,

Quand sous le cri du bois le ver fore l’armoire.

 

- Mémoire impermanente aux relents étouffés,

Tu finiras au feu d’un fol autodafé,

Et feras place nette aux coutumes nouvelles :

D’un éternel envol, la Vie montre son aile.

 

 

 

* Prononcer « secrait » (à la parisienne).

JCP  03/2016 – 10/2018

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