Construire un shoggi démontable
pour la méditation en voyage, dans la nature, au jardin,
au dojo, ou simplement chez soi
Mises à jour : 17/12/18, 15/2/19, 18/09/19, 20/11/19, 30/01/20, 24/03/20, 19/06/2020, 17/08/2020, 28/01/2021, 01/02/2021, 17/02/2021
AVERTISSEMENT : Un des plus fréquentés de ce blog, cet article n'est pas la manifestation d'orgueil d'un bricoleur se prenant pour un quelconque génie.
La réalisation décrite ici est issue d’un cahier des charges répondant à un besoin réel, établi au sein d’une communauté de méditants expérimentés : 8 exemplaires de ce tabouret de méditation sont en effet utilisés au quotidien et avec satisfaction par des membres de « Sud Toulouse Zen » depuis 2018.
Les critères ayant présidé à la conception ont été : technicité (réponse au seul besoin et au plus près), confort, légèreté, rigidité, simplicité, démontabilité. Peu privilégié, le prix de revient s'est en outre révélé modeste. L'esthétique n'a pas été prise en compte.
Le shoggi est le tabouret de méditation utilisé en remplacement du coussin traditionnel, le zafu, lorsque le méditant ne peut l'utiliser pour des raisons personnelles (douleurs articulaires excessives, arthrose, âge, séquelles d'interventions chirurgicales - ou simple préférence) :
MÉDITER TOUT DE SUITE
N'exigeant pas d'initiation et ne provocant pas de douleurs articulaires, le shoggi permet de méditer quasi-immédiatement dans une posture stable.
Ainsi les gens pressés, si nombreux aujourd'hui, peuvent-ils commencer à méditer sans "perte de temps". Et qui sait s'ils ne reconnaîtront pas bientôt que, comme le dit le proverbe patagon "Quien se apura pierde su tiempo" - Qui se presse perd son temps.
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Cependant, les shoggis du commerce rencontrés, souvent à taille unique et généralement trop bas, peuvent provoquer des douleurs articulaires ou des crampes dues aux membres inférieurs trop fortement repliés (selon morpholgie). Fait aggravant, à l'opposé du zafu, ils ne sont aucunement rembourrés, ce qui n'incite guère aux longues séances.
D'où l'intérêt d'en construire un adapté à sa morphologie, tout en y apportant plus de confort. Le cintrage de l'assise ne paraît pas vraiment utile.
Et pourquoi ne pas le construire le plus léger possible et facilement démontable, pour le voyage et la méditation dans la nature (valise, sac à dos).
Pour une personne de poids moyen, on peut oser le contreplaqué de 10 mm., qui s'avère suffisamment rigide et résistant, même sur sol inégal. Les trous et la forme trapézoïdale de l'assise n'ont d'autre objet qu'un poids optimisé, ici 844 grammes. Si l'on a des craintes, passer à 12 mm. comme décrit en second, bien qu'en cas de rupture on ne puisse guère tomber de haut.
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Un peu de géométrie, un soupçon de mécanique (les lois du plan incliné) :
P étant le poids du méditant, les efforts se décomposent en F1 (effort sur l'assise du shoggi) et F2 (effort vers l'avant se transmettant aux genoux). On voit que, si l'angle augmente, l'effort sur les genoux augmente. Un shoggi horizontal (tabouret banal) ne transmettrait aucun effort aux genoux. Un angle d'assise proche de la verticale transmettrait au contraire une grande part du poids du corps sur les genoux.
Or, un léger effort sur les genoux s'avérant indispensable à la bonne stabilité en méditation, un équilibre, en accord avec la morphologie du méditant, est donc à trouver.
Critères à prendre en compte :
- La hauteur : selon la souplesse des membres inférieurs (genoux, chevilles), le volume des mollets et la taille de la personne. Ici 213 mm. hors tout pour une taille de 1m. 75.
- L'angle d'inclinaison de l'assise, qui fait basculer le bassin vers l'avant et cintrer légèrement le dos. De 7 à 10°, ici 7,5°.
Noter que le shoggi démontable permet de remplacer aisément les pieds dans d'autres hauteurs et avec un angle différent, pour arriver à la bonne ergonomie après tâtonnements. (Le contreplaqué est une denrée bon marché).
Image ci-dessous: apparaissant avec l'usage d'un shoggi trop bas, une des sources de douleur, courante et souvent prohibitive, résulte d'un étirement contraint de l'extrêmité du pied dans l'alignement du tibia.
FOURNITURES :
- Contreplaqué 10 mm. (ou 12 mm., le poids sera plus élevé de 200 grammes, voir croquis assemblage plus bas) :
Assise : 160 mm. X 420 mm.
Pied : 160 mm. X 210 mm. Prévoir dès l'achat du prédécoupé (rectangulaire à recouper pour l'inclinaison) plusieurs jeux de pieds pour adaptation à sa propre morphologie.
- Profilé de bois léger raboté plus ou moins carré 22 mm. X 25 mm. ou 23 X27 selon provenance.
- 8 Vis à bois tête fraisée 90° Ø 5 X 30 mm. pour assembler les 4 taquets sur l'assise.
- 2 Boulons à bois tête ronde collet carré M6 X 60 mm.
- 2 Écrous papillon M6.
- 2 Rondelles plates larges Ø 6 mm.
- Plaque caoutchouc mousse haute densité épr. 10 mm. à découper au cutter (ici 2 épaisseurs) ; coller à la colle néoprène. La mousse basse densité s'affaisse rapidement.
- Papier verre
- Colle néoprène.
- Colle à bois (éventuellement, voir texte).
- Lasure, peinture, vernis, finition au choix ou pas de finition.
OUTILLAGE :
Courant : perceuse, foret Ø 5, Ø 6, scie égoïne, cutter, tournevis...
DÉTAIL D'ASSEMBLAGE IMPORTANT :
Assembler chaque pied et ses 2 taquets de 22 X 25 mm Lr. 130 mm avec le boulon à bois écrou papillon bien serré avant de visser les 8 vis à bois (2 par taquet) depuis le haut de l'assise. (Afin de permettre le serrage efficace et sans jeu du pied entre ses deux taquets par la suite).
On peut - ou non - enduire de colle à bois les quatre taquets avant vissage, la tenue n'en sera que meilleure.
SUGGESTION : qui osera la fibre de carbone pour moins de 400 grammes ?...
Shoggi de voyage 844 grammes
Aucune difficulté pour le moindre des bricoleurs (trous d'allègement et assise trapézoïdale en option). Le chanfreinage des deux carrés latéraux permet de ne pas gêner les talons.
Esthétique et finitions n'ont pas été privilégiées (mais on le peut).
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Construction plus simple avec du CP de 12 mm au lieu de 10 (poids 1.044 grammes)
Pieds et assise vue de dessous
Pieds et assise vue de dessus montrant les 8 vis Ø 5 X30 F/90° de fixation des 4 taquets avant le collage du revêtement mousse.
Croquis rapides pour le shoggi ci-dessus réalisé en contreplaqué de 12 mm. 1 Clic pour récupérer l'image à la taille réelle.
Cotes entre parenthèses données pour une personne de taille moyenne
Plaque de mousse utilisée (vendue dans les grandes surfaces de bricolage)
Fabrication en petite série (10/2018)
Nouvelle série (collection d'automne, 11/2018)
Série de printemps (02/2021)
Juin 2022
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Plus simple de construction et plus "civilisé", un shoggi "de salon" taillé dans un profilé de bois courant (140 mm X 27mm).
Assemblage par 6 vis à tête fraisée et rembourrage identique au précédent. La baguette sur le pourtour retient le tissu élastique (jersey fluide type jambe de pantalon féminin) qui recouvre la plaque de caoutchouc mousse haute densité.
Poids : 1.500 grammes.
DANS LA NATURE
Construire des pieds de shoggi pour méditer dans la nature (ou dans son jardin) nécessitant une surface d'appui au sol plus importante qu'en intérieur (ça s'enfonce, tiens !), on peut élargir les pieds à la base par simple collage, ou collage-chevillage comme ici, d'un profilé de bois léger de 25 mm X 20 mm par exemple. Prévoir aussi ces pieds-là un peu plus hauts pour les mêmes raison d'enfoncement et de sol irrégulier (+2 cm. par exemple).
Prévoir plus large en cas de sol marécageux ou de pratiquant(e) corpulent(e)...ou plus encore si les deux conditions sont réunies !
Détail des pieds.
Shoggi utilisé ici en simple tabouret avec des pieds élevés pour contemplation, lectures édifiantes, affût de photo animalière, pêche (no kill please), chasse au Snark, grattage archéologique, repiquage de salade ou cueillette scientifique de pâquerettes...
PLAIDOYER POUR UN SHOGGI
Il est à noter que le shoggi n'est pas toujours le bienvenu dans certains dojos, les puristes ne jurant que par le zafu. Si la posture sur shoggi peut rivaliser en stabilité avec le zafu, elle présente en effet une moindre ouverture des membres inférieurs (peu notable cependant si on écarte suffisamment les genoux), ce que certains maîtres hindous considèrent comme néfaste, notamment, à la circulation des énergies. Il est bon cependant de considérer l'état physique, comme l'âge et le manque de souplesse de celle ou celui à qui le zafu est impossible : méditer sur shoggi ou ne pas méditer, telle est la question.
La position sur shoggi peut paraître en tout cas préférable à celle d'un lotus approximatif ou, pire, à celle sur chaise.
Certain dojo parisien interdirait même (de nos jours) la pratique sur shoggi - et donc exclurait par là le pratiquant aux prestations physiques réduites par l'âge ou les accidents de la vie, au mépris de sa sincérité : où est, si chère au bouddhisme, la compassion ? - Noyée dans l'oubli de ceux qui souffrent (physiquement) au profit d'une élite jeune et sportive capable d'un lotus flamboyant ?
JCP Février-Décembre 2018, février 2019
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