Le vin du Temps (Quatrains, 1086)
Le vin du Temps
Des pierres que vendangent
Les blancs rayons de lune
Coule un vin de poussière
Au grand sablier du Temps.
JCP 03/2020
Le vin du Temps
Des pierres que vendangent
Les blancs rayons de lune
Coule un vin de poussière
Au grand sablier du Temps.
JCP 03/2020
Aide mentale à la méditation (2/2) :
Étiqueter les pensées pour les prendre moins au sérieux*
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Notre mental produit des pensées, les insuffle et les développe en nous. Infiniment variées, simples ou complexes, solitaires ou en groupe - en grappe pourrait-on dire -, les pensées peuvent se classer en trois grandes catégories, chaque catégorie présentant sa diversité et ses nuances :
1 – Les pensées agréables :
Ces pensées-là nous apportent du bonheur, et nous aimerions les retenir en nous le plus longtemps possible. Mais nous ne choisissons pas toujours nos pensées, d’autres prendront leur place, l’impermanence est souveraine comme elle l’est dans l’univers tout entier.
Nous venons de quitter une personne dont la conversation a fait naître en nous des sentiments agréables, voire flatteurs pour notre ego (une entité dont le discours est tempérer…) ; la perspective d’une soirée de spectacle, d’une réunion amicale, d’une fête, nous enchantent ; des amis chers nous invitent, ou nous allons les recevoir et prévoyons repas et distractions, penser aux discussions joyeuses qui ne manqueront pas dans une chaude amitié nous ravit à l’avance ; nous avons des projets visant à un plus grand bien-être, nous allons pouvoir acquérir un objet longtemps désiré ; nous nous sentons apprécié par une personne importante dans notre vie, aimé peut-être…etc.
2 – Les pensées neutres :
Celles-ci ne déclenchent pas en nous de sentiment spécifique, elles se fondent dans la vie quotidienne, dans l’utilité, le nécessaire, le routinier, le projet banal que nous réaliserons à court terme sans état d’âme particulier…
En rentrant nous passerons prendre le pain, il ne faut pas oublier aussi de faire le plein, nous relèverons le courrier et sortirons la poubelle sans faute, c’est aujourd’hui…etc.
3 – Les pensées désagréables :
Ici prend tout son sens le fait que nous ne soyons pas capables de choisir nos pensées : le mental n’en fait qu’à sa tête dans nôtre tête et, selon notre état psychique du moment, qu’une simple fatigue passagère peut dégrader, ces pensées-là vont se dissiper rapidement (nous n’en voulons pas), ou bien stagner en nous plus ou moins profondément, plus ou moins longuement, occasionnant plus ou moins de souffrance.
Nous voudrions bien apposer le label « INDÉSIRABLE » sur ces pensées-là, et implanter en nous la logique rêvée, celle qui, dès leur apparition, les enverrait « à la corbeille», ce qui viendra peut-être dans un futur plus ou moins proche, mais nous n’en sommes pas encore là, et devrons vivre avec ces pensées-là, qui pénètrent en nous sans y avoir été invitées. Et, toujours sans notre autorisation, elles se permettront de faire naître en nous toute une palette de sentiments, qui peuvent aller du simple « spleen », « blues » ou nostalgie (« le bonheur d’être un peu triste » de Victor Hugo) jusqu’à la tristesse et l’accablement, en passant aussi par la colère, la culpabilisation ou, plus radicalement encore, la dépression, l’angoisse et les idées suicidaires.
Il (elle) n’a pas appelé, je vois bien qu’on se désintéresse de moi ; on ne m’aime pas ; j’ai encore échoué dans ce projet, je ne sais décidément pas m’y prendre, je suis nul (nulle) et bon à jeter ! ; ces examens médicaux vont révéler un cancer, c’est certain, c’est bien ma veine, je vais mourir dans d’atroces souffrances ! ; pourvu que cet entretien se passe bien, et si je ne trouvais plus de travail ! ; quelle tristesse, il ne fera donc jamais beau… etc.
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Certaines pensées prennent ainsi tant d’importance dans notre vie que nous pouvons être soumis à elles, temporairement pour la majorité d’entre nous, dans une souffrance durable pour d’autres.
Cependant, nul n’aime souffrir, serait-ce brièvement.
La méditation peut nous aider, c’est un fait avéré qui n’est pas à démontrer.
Ayant commencé à méditer, nous prenons conscience de la difficulté qui consiste se concentrer sur notre respiration (la méditation pourrait presque se résumer à cette phrase pour le débutant). Le mental nous en écarte, prend les commandes et nous propose des pensées que nous faisons nôtres à notre insu complet, pour nous retrouver avec cette bande-son qui tourne en boucle en nous : le bruit mental. Pas moyen d’accéder à la paix intérieure, nous sommes condamnés à penser trop souvent à ce que nous voulons oublier ou qui nous fait souffrir.
Nous reprenons notre attention à la respiration, « on » nous en a écartés.
Si, comme nous l’évoquions plus haut, le tri automatique de la pensée n’est pas encore à l’ordre du jour, lors de notre méditation assise nous avons entrevu la possibilité de ralentir - globalement - le flux de la pensée que nous injecte le mental par une observation attentionnée de notre respiration, objet de méditation des plus pratiques que nous avons avec nous, en nous, toujours disponible.
Nous avons aussi compris qu’on ne peut ni contraindre ni combattre le mental, mais qu’il était possible, ayant assimilé son fonctionnement, de le prendre un peu moins au sérieux, et même de parvenir, momentanément, à s’en désintéresser un peu. Ceci durant des instants plus ou moins brefs au cours de notre méditation assise, où nous avons pris conscience que nous ne sommes pas le penseur, comme l’affirme Eckhart Tolle (voir cet auteur à « BIBLIOTHÈQUE ZEN »), et que les pensées ne viennent pas toujours de nous, puisque certaines (trop !) nous sont indésirables.
Dans cette optique nous pouvons, lors de notre méditation assise et tout au long de la journée dans les moments où nous ne serons pas dérangés, repérer les pensées une à une, dès qu’elles se présentent à la porte de notre mental (toujours concentrés sur notre respiration). Ainsi, nous les reconnaissons, machinalement, sans les juger, et les étiquetons l’une après l’autre, simplement, comme on le ferait d’une simple marchandise à l’étalage, étant entendu que nous ne sommes pas acheteurs.
Nous pouvons alors, mentalement, désigner chaque pensée par deux chiffres (le prix de vente si l’image vous convient), allant de 1 à 3 chacun.
Le premier chiffre représente la nature de la pensée telle que nous l’avons évoquée plus haut, le second, de 1 à 3 également, sa durée, de cette manière-là :
1-1 : Pensée agréable brève
1-2 : Pensée agréable de durée moyenne
1-3 : Pensée agréable de longue durée
2-1 : Pensée neutre brève
2-2 : Pensée neutre de durée moyenne
2-3 : Pensée neutre de longue durée
3-1 : Pensée désagréable brève
3-2 : Pensée désagréable de durée moyenne
3-3 : Pensée désagréable de longue durée
Étiquetant ainsi les pensées, comme une simple marchandise et sans les juger nous l’avons dit, au fil de notre observation attentive du mental, nous les prendrons moins au sérieux, et nous pourrons les écarter :
- Tiens, cette pensée 3-2 voudrait rester en moi pour s’y développer, je reprends l’observation de mon souffle, j’inspire-j’expire, la voici qui se dissipe, j’inspire-j’expire.
Je sais qu’elle reviendra, le mental têtu me la renverra, mais je saurai la remarquer dès son apparition et ne l’accueillerai pas : je l’étiquetterai et, respirant toujours, elle devra disparaître.
Meilleure ou pire, toujours sans la juger, la pensée suivante sera étiquetée de la même manière et nous la laisserons s’évanouir sans la prendre en compte - j’inspire-j’expire.
Bien sûr, le mental n’est pas du tout satisfait de cette rupture dans les communications, et plus encore que nous ne prenions pas ses productions au sérieux ! Ce rusé nous le fera savoir.
Mais nous savons réagir, c’est-à-dire ne pas réagir à ses provocations, notre paquet d’étiquettes en main à évaluer sa marchandise qui, de jour en jour, n’a plus, on commence à le sentir, sa fraîcheur d’origine.
Puis, un jour (peut-être pas demain, ne soyons pas pressés), nous n’aurons pas besoin d’utiliser ces étiquettes… mais ne les jetons pas, elles resserviront peut-être le jour suivant…
Bonne méditation*.
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* Ne perdons pas de vue que le mot « méditation » dans notre langue est plutôt le contraire de ce que nous nommons ici méditation, puisqu’il s’agit de s’entraîner à ne pas penser, ou de penser le moins possible. Nous n’avons pas d’autre mot.
- Messieurs les académiciens, posez votre verre et votre fourchette, et composez nous un mot nouveau pour traduire à la fois « tchan » du chinois, « zen » du japonais, et « dhyana » du sanscrit !
* Principe cité par Ezra Bayda, dans son remarquable ouvrage « Vivre le zen », Poche Marabout.
JCP, 08/2021
DU CÔTÉ DU ZEN
Le pouvoir du sourire
Le sourire est la manifestation sur notre visage, plus ou moins intense et plus ou moins brève, des moments heureux de la vie, insignifiants soient-ils. La joie, qui le provoque également, peut le compléter par le rire. Selon les personnes, le sourire apparaît plus ou moins facilement, plus ou moins spontanément.
Il se visualise par une prise de forme instinctive du visage, faite pour être vue, particulière, universelle et reconnaissable. Certains muscles du visage se contractent, relevant plus ou moins haut les commissures des lèvres, plissant les joues et allant jusqu’à entrouvrir les lèvres pour le plein sourire - c’est l’opposé de la colère.
Le sourire qui fait l’objet de ces lignes est plutôt celui qui laisse les lèvres fermées, c’est-à-dire le sourire naissant, ou le demi-sourire. Entre Joconde et Bouddha.
La personne qui sourit affiche ainsi l’expression d’un bonheur muet, pouvant être le prélude à la parole enjouée, ou au plaisir qu’elle sent possible.
On peut sourire à l’arrivée odorante d’un plat dont la vue suggère le plaisir du goût.
On peut sourire à un enfant, dont le seul fait d’être suffit parfois à nous mettre en joie.
On peut sourire à une personne aimée, dont la présence nous comble.
On peut sourire à un trait d’humour qui, s’il nous ravit de façon irrésistible, est suivi d’un rire instinctif. Rire qui apparaît, comme le sourire, plus ou moins spontanément selon les personnes.
Rire pour un rien ne valorise pas toujours le sujet aux yeux d’autrui. Ne jamais rire non plus.
Il en va un peu différemment du sourire qui, lui, est rarement de trop, alors qu’on peut regretter son absence chez certaines personnes.
On peut sourire au passage d’une personne, femme ou homme, dont la beauté subjective nous interpelle, on peut rendre un sourire à qui nous sourit, nous soit-il inconnu…etc…
Il y a mille occasions de sourire pour certains, qui sont autant d’occasions pour d’autres de ne pas le faire : le sourire est subjectif et ne paraît pas toujours sous les mêmes conditions selon les personnes.
On le voit, le sourire est plutôt une manifestation de sociabilité, une invite à la convivialité, à la cordialité, à l’amitié, voire au prélude amoureux.
Le sourire fleurit plus rarement aux lèvres des personnes seules. La solitude y incite généralement peu, excepté peut-être au souvenir fugitif d’un moment du passé heureux. Il est alors plutôt du domaine du rêve éveillé : à quoi, à qui sourit la jeune fille pensive ?
Il peut cependant survenir au terme d’une action solitaire trouvant un heureux dénouement : le musicien qui, répétant inlassablement sa partition, parvient à l’accord parfait, le dessinateur, le peintre d’art, l’écrivain, l’artisan ou le simple bricoleur, satisfaits de leur œuvre, de leur ouvrage, peuvent, prenant un peu de recul, laisser échapper un bref sourire. Dont ils seront peut-être peu conscients - s’il devait exister.
Il est cependant possible de sourire sans cause : avez-vous essayé ?
Vous allez probablement vous demander pour quelle raison se contraindre à sourire sans motif, et d’ailleurs vous n’en avez pas du tout envie en ce moment. Vous vous demandez simplement où vont mener ces lignes - que vous êtes déjà sur le point d’abandonner.
La raison en est la suivante :
Osons, par la pensée, démonter le mécanisme du sourire, qui va de l’élan de bonheur, ou de joie, vers sa manifestation physique sur le visage.
D’un côté nous avons le bonheur, de l’autre le sourire, sans aucun lien de l’un vers l’autre pour le moment, nous venons de le retirer.
Remontons, erreur d’assemblage volontaire, ce mécanisme à l’envers, contraignant ainsi le sourire à s’afficher en premier, et voyons si une trace de bonheur, même infime, surgit à sa suite, en sens contraire de ce que nous connaissons.
Sourions.
Que constatons-nous ?
Nul besoin de hautes études en psychologie pour nous en rendre compte : ça marche, le sourire appelle une sensation heureuse.
À un degré plus ou moins sensible, mais ça marche.
Essayons alors de maintenir ce sourire, qui est, nous l’avons dit, un demi-sourire (inutile de le prolonger jusqu’aux oreilles) et essayons de le maintenir le plus longtemps possible. Sans forcer, le reste du corps détendu (nous sommes assis, bureau, cuisine, salon, jardin, automobile, café, transports en commun, banc public, peu importe le lieu). Veillons simplement à n’être pas trop aperçu…
Concentrons-nous, aidons-nous si possible de l’attention à la respiration.
Nous parvenons à prolonger cette agréable sensation : nous nous sentons bien.
Le sourire provoquerait le bonheur.
Les muscles contractés autour de nos lèvres semblent être programmés pour aller de pair avec une sensation heureuse, le sourire passant indifféremment du statut d’effet à celui de cause.
Nous avons interchangé les deux.
Forts de cette connaissance - qui était peut-être déjà vôtre -, il est inutile de préciser que nous l’utiliserons, à l’occasion de quelque état d’âme un peu sombre par exemple.
Pour voir.
Mais nous nous apercevrons que le maintien de ce sourire sans cause, de ce sourire artificiel en quelque sorte, est difficile : il nous échappe et, fait curieux, nous l’oublions et retournons à nos pensées.
Voici qui n’est pas sans rappeler le caractère fugitif de l’observation du souffle lorsque nous méditons, malgré une concentration que nous croyons inébranlable.
Y aurait-il là un lien de parenté avec la spiritualité ?
- Peut-être, en tout cas cela démontre l’inconstance de notre mental, qui, là aussi, n’en fait qu’à sa tête, efface notre sourire de lui-même et nous rappelle à lui. Il a des pensées à nous proposer, qu’elles nous plaisent ou non.
Peut-être s’est-il aperçu que, partis vers un instant présent de quiétude où il n’était pas convié, il était urgent de nous ramener sur le droit chemin qui conduit directement… à lui.
Et à personne d’autre.
On ne lâche pas le mental comme ça.
Le mental dispose d’un ego musclé, et pour nous punir de cet affront, il va, que cela nous plaise ou non, nous injecter des pensées désagréables. Voilà !
Obstinés nous aussi, recommençons à sourire sans cause… cela fonctionne derechef.
Mais désormais, même si nous tenons toujours compte de son discours quand il est utile à notre vie (c’est le plus souvent le cas, heureusement), nous ne prenons plus les pensées dont nous afflige le mental avec le même sérieux, nous avons une arme nouvelle : le sourire.
Qui nous ramène à un heureux calme intérieur.
Au nez et à la barbe du mental.
Et nous pourrons désormais inclure, si nous la pratiquons, le sourire à notre méditation. Avantageusement.
Commencer à méditer :
http://chansongrise.canalblog.com/archives/2020/03/07/38081918.html
JCP 03/2020
Aide mentale à la concentration en méditation
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Au cours de la méditation, que nous soyons débutants ou confirmés, une aide mentale nous est parfois nécessaire pour faciliter la concentration sur notre respiration.
Ceci notamment les jours où cette concentration s’obstine à nous fuir sous les coups répétés du mental, qui a décelé en nous une certaine faiblesse, le plus souvent venue des préoccupations et des projets du jour, qui peuvent être aussi bien heureux que présager des difficultés dont nous nous passerions. Le mental s’engouffre alors dans cette faille et rend la concentration plus laborieuse, voire impossible si nous devons affronter des difficultés majeures.
Nous avons vu dans l’article précédent, « Méditation, comment commencer », que la pratique consistant à compter mentalement nos inspirations-expirations jusqu’à 10 et recommencer en repartant de 1 peut nous apporter une aide précieuse.
Nous pouvons aussi, comme noté dans le tableau ci-dessous, énumérer par la pensée ce que nous sommes censé faire au moment présent, espérant y demeurer le plus longuement possible avant que le mental ne réussisse à nous en écarter.
Cette pratique, que l’on abandonnera les jours où la séance de méditation se passe relativement bien, peut notablement faciliter la concentration.
On pourra en outre en adapter les termes à sa volonté, et les simplifier si l’esprit de base et les étapes décrites sont conservés.
JCP, 08/2021
Le Héron et l’Escargot
Les rivières en crue ayant démis sa table,
Un Héron affamé et d’humeur exécrable
Allait par la campagne en quête de repas,
Déjà tout disposé à ce qu’il n’aimait pas.
Sa maison sur le dos, une bête baveuse
Vint à croiser ses pas, rencontre malheureuse
Pour l’animal cornu, qui flairant le danger
Sous le long bec pointu lui fit : « - Je sais un pré
Où la mare est paisible et la grenouille grasse ;
Je serais pauvre chère à vos grands appétits ;
Suivez-moi donc là-bas, l’effort en est petit
Et sur de grands viviers pourrez faire main basse. »
Toujours plus affamé, le grand oiseau suivit
Le lent gastéropode. Enfin n’y tenant plus
Il le croqua tout net, coquille et part charnue,
Dilapidant ainsi ses chances de survie.
Le Héron longuement parcourut les forêts,
Erra dans les prairies sans autre nourriture,
Puis expira enfin à deux pas de la mare.
De ces destins perdus la morale est aisée.
JCP 02-03/2020 Au Père Léon, le 27/02/20
Étel (Morbihan) plage rive gauche, août 2013
Le voyage de la Vague
Jeune Vague échappée
De la main de sa mère,
Elle courait la grève,
Cherchant un beau rivage
Pour y goûter des joies
Que les autres n’ont pas.
S’étirant jusqu’à elle,
Un Rayon du Soleil
Vint la dissuader
D’une telle folie.
"- Autrefois lui dit-il,
En jeune écervelé
Me croyant seul au monde,
J’échappai à mon père
Et crus bien disparaître !
- Vague si tu m’en crois
Retourne chez ta mère,
Et baigne au sein des eaux
Comme moi chaque soir
Aux chaleurs du foyer.
Nous sommes ainsi faits
Qu’aux liens de parenté
Nous soyons enchaînés…"
Le Soleil se couchant,
Le Rayon prit congé.
Et dès la nuit tombée
On vit un reste d’eau,
Entouré de vapeurs,
Retourner à la Mer.
JCP 01/2020 Au Père Léon, le 23/01/2020 et le 02/03/2020
MÉDITER
QUI EST LE PLUS HEUREUX ?
MISES À JOUR : 08/03/20, 09/03/20, 19/08/20, 29/11/2020, 30/11/2020
Débuter en méditation
La méditation assise (zazen)
Remarques importantes
1 : Le plus grand soin a été apporté à la rédaction et à la clarté de ces lignes, cependant : Pénétrer en soi, investiguer son mental de façon mal comprise peut, dans certains cas, s’avérer préjudiciable à des personnes déjà fragilisées, l’enseignement écrit ne pouvant rivaliser avec l’enseignement oral auprès d’un maître authentique, qui saura conseiller.
2 : S’agissant de spiritualité, ce mot est, par erreur ou par habitude anciennement imposée, quasi-exclusivement associé à la religion. Le domaine de l’esprit (nommé indifféremment mental ici) n’est pas l’apanage des religions, et n'impose aucune croyance.
3 : La méditation abordée ici (zazen) est basée sur le bouddhisme zen, simple, proche des origines, très représenté dans notre pays et praticable en groupe au sein de dojos, où parfois se pratique aussi le yoga. Le zen, qui ne se réclame donc d’aucune divinité, peut en outre se superposer à des croyances qui en comportent une sans contradiction.
Les formes de méditation pratiquées dans les autres branches du bouddhisme sont semblables à celle du zen dans leur esprit.
4 : On pourra noter au fil du texte un certain nombre de répétitions, et des phrases de même signification réécrites à peine différemment. Ceci est volontaire. S’agissant d’enseignements écrits, la répétition fait partie du processus d’assimilation.
Il est bien entendu peu approprié de survoler ce texte et, par impatience, de se lancer dans une méditation approchée insuffisamment comprise.
Méditer n’est pas une activité ludique.
5 : Ces lignes, base suffisante pour débuter en méditation, trouveront avantage à être complétées par la lecture attentive (et répétée) des ouvrages d'Eckhart Tolle et de Tich Nhat Hanh notamment, mis à disposition :
Enfin, une tentative de cette écriture dite "inclusive" a été faite, rendant le texte autant illisible qu'inintelligible et imprononçable. Dans le respect de notre belle langue, si chère à nos écrivains et à nos poètes - comme à l'auteur de ce blog - ceci ne sera plus tenté.
Avec l'espoir que cet avatar disparaisse à jamais.
Introduction
Soit par un phénomène de mode, soit par des résolutions plus profondes venues d’une légitime curiosité, vous êtes décidé.e à pratiquer la méditation.
Vous êtes conscient.e de cette vie intérieure, qui ne se manifeste pas visuellement, mais que l’on peut observer pour peu que l’on y soit attentif. Et vous voudriez la connaître mieux.
Vous êtes conscient.e que le mental, dont nous sommes tous pourvus, outil de réflexion et de résolution formidable à ses heures, nous entraîne parfois vers un cheminement de pensée dont nous nous passerions. Il y a des scories. Et vous vous dites même que, sans ces pensées indésirables qui pénètrent en nous sans y avoir été invitées, nous serions plus sereins, voire plus heureux. D’où viennent-elles d’ailleurs, puisque nous n’en voulons pas, quelle force invisible cherche à nous nuire ? Notre mental, si utile, contrôle-t-il nos humeurs, se change-t-il d’ami en ennemi à son propre gré ? Dans une certaine mesure, oui.
Excepté face à un problème, à une difficulté à résoudre dans l’immédiat, nous ne maîtrisons ni la teneur ni la quantité de nos pensées lorsque nous sommes au repos, seul ou non, dans le silence ou non.
Les pensées prennent naissance en nous, heureuses, joyeuses, neutres, tristes, stressantes, obsessionnelles : le plus souvent nous n’avons pas le choix. Ne vous êtes-vous jamais demandé : « - Comment se fait-il que je pense à ça en ce moment, je croyais avoir oublié ce moment désagréable de ma vie ! ». Et cette pensée, inutile, venue du passé, va s’incruster en nous pour nous déstabiliser, alors que nous étions paisible.
Ou bien des pensées projetées sur un futur proche, autour d’actions à accomplir, d’un rendez-vous vecteur (peut-être) de difficultés, vont nous agresser, nous stresser en nous montrant le côté négatif de ces tranches d’une vie future dont rien n’est certain. Et qui le moment venu, quoi qu’on fasse, se produiront - d’une manière ou d’une autre. Que nous les percevions comme bonnes ou mauvaises, les choses se font. Inexorablement. Et nous ne sommes pas toujours conviés à en changer le cours. Laissons les être. Laissons la vie être.
Le mental nous entraîne donc, le plus souvent, soit vers un passé qui n’est plus, soit vers un futur qui n’est pas encore et qui se réalisera peut être différemment de ce qu’ « on » nous fait penser.
Ces pensées finiront cependant toujours par s’évanouir mais, installées en nous plus ou moins durablement, elles seront parvenues à altérer notre sérénité. Peut-être reviendront-elles même à la charge.
On ne peut, c’est regrettable, leur dire « assez ! » et les voir disparaître d’un claquement de doigts.
Comment faire pour éloigner ces pensées, ou tout au moins s’en protéger ?
- Des expédients existent, ils se nomment hyperactivité, addiction aux sports, aux sports à risque notamment où la pensée n’a pas cours, à l’alcool, aux drogues (remboursées ou non par la sécurité sociale), produits qui, incontestablement, ralentissent le cours de la pensée, voire l’oblitèrent. Le travail excessif pratiqué jusqu’à épuisement, la tabagie, la sexualité obsessionnelle conduisent également à ce ralentissement de la pensée.
Cette atténuation de la pensée, si possible jusqu’au silence mental, semble être très recherchée même si, la plupart du temps, les personnes n’en sont pas conscientes.
Ces expédients-là, il faut le reconnaître, au-delà d’une certaine efficience passagère, ne sont pas la panacée et, insisterons-nous, ne sont pas durables. Ils dégradent notre corps plus ou moins rapidement, sans résoudre nos problèmes intérieurs. Nous les avons simplement écartés pour un moment.
Les moins perspicaces augmenteront les doses, de sport, de travail, d’alcool…etc… Il est inutile de dire jusqu’où cela peut mener.
Il faudrait pouvoir choisir et maîtriser ses pensées. Nous ne laisserions ainsi pénétrer en nous que des pensées positives, agréables, et nous reconduirions gentiment les autres vers la sortie. Sans les froisser (on sait jamais…), comme on reconduit le démarcheur indésirable : - Ne vous épuisez pas davantage, je ne suis pas intéressé !
Ce serait bien.
« Penser moins pour penser mieux ». La formule est plaisante. C’est cela que nous voudrions.
Armés de persévérance, de volonté, de patience et d’attention (retenons ces mots), c’est pour ainsi dire ce que propose d’atteindre la méditation : un peu plus de calme en nous.
Méditer, ou demeurer « Simplement assis »
1 – Approcher le calme intérieur
Le zen nous dit : méditer c’est s’asseoir. « Simplement assis » est-il dit précisément. On s’attendait à des torrents d’explications, à des phrases complexes, voire obscures ou impénétrables, et voici seulement deux mots dont la banalité déçoit : Simplement Assis.
Ces deux mots (un seul en japonais : « Shantikaza ») disent en effet l’essentiel, étant entendu qu’ils impliquent beaucoup plus que leur simple définition de mots.
Simplement assis : assis et rien d’autre.
Aucune action donc.
Ni action du corps (on est dans une posture fixe et stable). Ni action intérieure (on ne pense pas ou peu, nous verrons par quels artifices).
L’action de respirer demeure fort heureusement autorisée mais, habituellement, elle ne dépend pas de nous. Nous allons laisser la respiration s’établir, un peu plus lente et profonde qu’à l’accoutumée, et, sans la contraindre, nous la laisserons devenir régulière et apaisée. Son rythme peut varier quelque temps, puis se stabiliser.
Simplement assis.
Un rien-faire en quelque sorte, mais un rien-faire attentif.
Attentif à quoi ?
- À notre respiration et à elle seule qui, selon ce que nous avons dit, est la seule chose qui bouge encore en nous. Avec le cœur, dont les battements dépendent encore moins de nous, affairés qu'ils sont à la circulation sanguine.
Corps et respiration stabilisés, observons simplement et uniquement la respiration.
Sans la contraindre ni en changer le rythme, mais en étant conscient en permanence de sa présence, et de tout ce qu’elle implique en nous.
Nous observons l’inspiration, le temps mort qui suit, l’expiration et son temps mort qui nous ramène à l’inspiration et referme le cycle, etc…
Nous laissons travailler la respiration, elle est précieuse. Sans la perturber. Nous ressentons l’air aspiré, puis expiré passer dans nos poumons, notre trachée, d’imperceptibles picotements à l’entrée de nos narines, le thorax et l’abdomen participer à notre maintien en vie par ce souffle vital si bien exploité.
Au fil de cette observation qui, répétons-le, nécessite une grande attention pour se poursuivre, nos pensées vont s’espacer, leur flux se réduire, et nous connaîtrons même des moments de silence mental. Là est la méditation, ancrée dans le moment présent : nous ne pensons à rien, ni au passé ni au futur, seul le présent s’écoule. Sans penser. La respiration. Simplement.
Mais cela ne dure pas !
Le mental, qui n’a pas du tout apprécié cette interruption des communications, nous le fait savoir à grand bruit : il nous injecte de nouvelles pensées qui reviennent à la charge, elles se sont même mises à plusieurs pour nous rappeler à l’ordre qui est : penser, toujours penser. À quoi serviraient-elles sinon ?
« - Comment faut-il te le dire : penser ! » nous hurle le mental, dont la suprématie se trouve menacée. Si on devait ne plus penser, que deviendrait-il ?
Cela semble tourner à un combat incertain. Mais on n’y pense pas, on ne réduit pas le mental en esclave, on peut apprendre à le connaître, connaître ses réactions, ses armes, c’est ce que nous faisons. Sympathiser avec lui ? Non, le mot est trop fort. Composer avec lui peut-être… en tout cas essayer de le comprendre dans son fonctionnement – sans le juger.
Pourquoi en est-il ainsi, pourquoi ne peut-on persister plus de quelques instants le mental vide ?
- Parce que nous n’avons pas été assez attentifs à notre souffle. Simplement, seulement ça : le souffle !
Il ne reste qu’à reprendre notre processus d’observation de la respiration que le mental, d’autorité, vient d’interrompre. À notre insu complet. Nous étions sur l’expiration (par exemple), et soudain, nous voilà rendus par la pensée en des lieux tout autres, et nous renouons avec nos soucis quotidiens !
On est jamais tranquille !
Reprenons notre observation attentive de la respiration, le nombre de reprises nécessaire jusqu’à parvenir à enchaîner quelques cycles de respiration consécutifs sans penser, mental vide. Peut-être une dizaine, ou moins.
Si compter nous aide, faisons-le mentalement, sur l’expiration de préférence, jusqu’à dix, puis reprenons à un. Ce procédé présente cependant le risque, en comptant mentalement, de nous déconcentrer de l’observation attentionnée du souffle. Le cerveau humain ne fait pas deux choses à la fois, mais balaie sans cesse les deux tâches demandées. À une vitesse folle, certes, mais nous lui faisons courir le risque de s’égarer au cours de cet incessant transfert. Ce qui arrive.
Dès que nous observons la respiration, le plus attentifs possible, nous nous apercevons, étrange phénomène, que les pensées ne demeurent pas : elles pointent le bout de leur nez, et disparaissent d’elles-mêmes sans avoir pu se développer. Notre attention totale n’étant plus dirigée vers elles mais monopolisée sur la respiration, nous ne nous identifions pas à ces pensées, nous ne les faisons pas nôtres et, ne trouvant personne pour les prendre au sérieux et les laisser se développer, elles ne peuvent avoir de prise sur nous. Elles s’évanouissent dès que nous sommes conscients de notre respiration. Entièrement conscients.
Mais attention : à la moindre seconde d’inattention, si nous « lâchons » la respiration (on le fait sans s’en rendre compte, de la même manière qu'on s'endort), les pensées reviennent envahir le mental et se rappellent, impératives, à nous. Il faut alors, rendus à ce point précis, se « raccrocher » sans délai à la respiration, sous peine de nouvelles divagations.
Et il n’est pas rare que, pourtant pleins de bonne volonté, notre attention décroche, et que nous nous apercevions au bout de plusieurs minutes (une éternité !), que nous avons, inconsciemment, sombré dans une nouvelle suite de pensées. Nombreuses, même.
Tout est à reprendre : inspiration, temps mort, expiration…etc.
Il importe de prendre la remarque suivante avec sérieux : ne jugeons en aucun cas ce que nous percevons, nous devons nous comporter en simple spectateur, seulement observer. Rien d’autre. Ne portons aucun jugement sur quoi que ce soit. Juger, conceptualiser ce que nous « voyons » peut nous écarter de la méditation, voire se montrer néfaste.
Dès que nous parviendrons à un résultat significatif (soyons patients, enchaînons les séances de pratique, quotidiennes si possible), ce sera une immense victoire pour nous, et nous nous ouvrirons à la méditation. Peut-être pour toujours, tant le bien-être entrevu nous aura surpris. Notre culture occidentale nous faisant croire que bien-être et bonheur s’achètent - mercantilisme oblige -, découvrir l’existence d’un bonheur sans cause, gratuit de surcroît, peut en effet surprendre. Agréablement s’entend.
Étant bien entendu qu’il est totalement irréaliste d’imaginer un succès immédiat. Il en va du sport intérieur comme du marathon : petitement, modestement d’abord puis, progressivement, de plus en plus loin, de plus en plus vite. Endurance. Patience.
Des « chutes » sont même possibles, c’est-à-dire que, certains jours, la méditation ne portera pas ses fruits. Il est superflu de s’en inquiéter, il en va ainsi. Même pour les grands maîtres de cet art du « penser sans penser » par le « rien-faire attentif ».
2 – Le calme physique
La pratique intérieure oui. Mais, pendant ce temps, que faire de son corps ?
Ce paragraphe est consacré à la posture qui, fréquemment sous-estimée par les débutants, est des plus importantes, sinon cruciale pour l’approche du calme intérieur, qui est intimement lié à celui du corps.
Avant d’avoir fait son choix définitif en la matière, toute personne qui débute est confrontée aux difficultés de la posture. C’est une réalité. Voire un problème.
Nous devons demeurer parfaitement immobiles vingt à quarante minutes, voire davantage. Inutile de mentir au sujet de la durée des séances de méditation, l’expérience prouve qu’il nous faut de dix minutes à un quart d’heure pour apaiser notre corps. Vingt minutes sont donc un minimum.
Que nous méditions vingt, quarante minutes ou davantage, il est indispensable d’adopter une posture assise parfaitement stable. Nous connaissons la posture du Bouddha, les statuettes sont légion. C’est la posture idéale, à condition d’être physiquement capable de l’adopter. Il y en a, fort heureusement, d’autres.
Quelle que soit la position adoptée, revêtir des vêtements amples et souples (jogging, pyjama…) ne contraignant pas les membres inférieurs ni le thorax (la respiration).
S'il était utile de le préciser, on médite pieds nus ou en chaussettes.
Un lieu calme et peu éclairé s'impose, de préférence face à un mur pour éviter variations de lumière et distractions possibles (voir image ci-dessous).
Avec un peu d'expérience, il est possible de méditer dans la nature. Si le lieu est isolé et paisible, on y trouvera une excellente qualité de concentration. Dans ce cas, préfèrer peut-être un shoggi démontable, aisément logeable dans le sac à dos. Le zafu, lourd, encombrant et salissant se montrant peu adapté - bien que possible. Un tapis de sol peut également être utile selon le lieu.
Quatre positions sont pratiquées :
Posture de zazen face au mur (méditation zen) sur zafu
Avec le zafu, il peut être utile de prévoir un rembourrage supplémentaire de Kapok pour le rehausser si nécessaire.
1 – Méditer sur zafu (coussin de méditation)
La posture est celle du Bouddha, et se pratique assis sur le coussin traditionnel, le zafu. Ce coussin, rond et épais, permet de croiser les jambes au point de poser chaque cou-de-pied sur la cuisse opposée. Peu de personnes, même jeunes, y parviennent, et s’efforcer de le faire à tout prix n’est pas sans risque pour les articulations.
Sont possibles deux autres positions sur zafu :
- Un seul cou-de-pied posé sur la cuisse opposée, ou sur le mollet opposé. C’est le « demi-lotus ». Cette position, qui demeure encore délicate, conserve néanmoins une bonne stabilité.
- Aucun des deux cous-de-pied n’est posé sur la cuisse opposée, les pieds sont au sol contre les cuisses, la position s’approche un peu de l’« assis-tailleur ». Cette position est moins stable que les deux précédentes.
Positionner le corps :
S’asseoir d’abord au centre du coussin. Basculer le bassin vers l’avant de manière à venir poser les deux genoux sur le tapis (persan ou Décathlon, pour un minimum de confort un tapis s’impose).
Dans le même temps, le bassin glisse vers l’avant du cousin, ce qui facilite la pose des genoux.
Si l’on ne parvient pas à cette pose des genoux, qui peut se montrer douloureuse, les caler avec deux petits coussins (ou des briques de yoga).
Le dos, tenu droit, se cintre légèrement dans le bas par le basculement du bassin, le cou est droit, le menton légèrement rentré, la langue contre le palais, les yeux sont mi-clos ou fermés, le regard posé à 1,5 mètre devant soi. Concernant les oreilles, rien n'est dit...
Les mains, paumes vers le haut, la gauche posée sur la droite et pouces jointifs par leurs extrémités, sont posées sur le giron. Les auriculaires sont en contact avec le bas-ventre.
Les épaules se détendent, tout le corps se détend.
On peut opérer quelques basculements à gauche et à droite pour bien asseoir sa posture sur le coussin.
On ne bouge plus.
Posture de zazen (méditation zen) sur shoggi. Noter la position des mains.
Un shoggi du commerce, peu confortable et généralement trop bas (voir plus bas pour article consacré).
2 – Méditer sur shoggi (mini-tabouret de méditation)
Moins utilisé que le zafu, le shoggi présente cependant de nombreux avantages :
- Excellente stabilité de la posture.
- Immédiateté de l’obtention de la posture, qui ne nécessite aucun apprentissage particulier.
- Absence de douleurs si le shoggi est suffisamment adapté à la morphologie du sujet.
- Incompressibilité, donc posture invariable dans le temps.
- Légèreté.
- Possibilité de l'obtenir démontable (voyage, nature).
La posture est en tout point semblable à celle sur zafu, excepté pour les jambes, qui adoptent une position agenouillée, les genoux étant cependant plus écartés. Augmenter leur écartement favorise le basculement du bassin vers l’avant, offrant ainsi un meilleur contact des genoux au sol (tapis).
Tous les détails concernant le shoggi sont donnés dans cet article du blog même, y compris sa réalisation sur mesure et à faible coût à la portée de tout bricoleur, même peu expérimenté :
http://chansongrise.canalblog.com/archives/2018/06/12/36480658.html
Posture zazen sur chaise (dos décollé du dossier). Noter la position des mains.
3 – Méditer sur une chaise
Dans le cas où les deux postures précédentes sont impossibles pour le méditant (difficultés dues à une arthrose excessive, séquelles d’accidents, suites d’opérations…), il est possible de méditer sur une chaise. Trop confortable et trop bas d’assise, le fauteuil est exclu.
S’asseoir dos droit et légèrement décollé du dossier afin de faciliter la respiration. Les pieds sont posés à plat. Disposer les mains comme pour la posture sur zafu.
Cette posture, qu’on ne choisira ni par paresse ni par facilité, est à prendre uniquement en cas d'obligation, car elle n’offre qu’une stabilité médiocre.
4 – Méditer allongé sur le dos
Nous touchons là à une posture que l’on est contraint d’adopter, non par choix, mais pour des raisons liées au handicap, à la maladie, ou à l’âge très avancé. Le philosophe Alexandre Jollien, le moine zen Tich Nhat Hanh, sont tenus de méditer ainsi.
On s’allonge sur le dos sur tapis (lit en dernière extrémité), jambes à peine écartées et bras légèrement décollés du corps.
Les principaux désavantages de cette posture tiennent, d’une part, à la pression appliquée sur le dos ne libérant pas entièrement la cage thoracique pour une respiration optimale, et d’autre part le risque élevé de s’endormir dans une position « trop confortable » - incontournable cependant pour les personnes qui n’ont d’autre choix.
Fin de méditation
Au terme d’une durée, choisie si l’on médite seul, que nous les ayons tenus mi-clos ou fermés, ouvrons les yeux et retrouvons lentement toutes nos sensations. Demeurons encore quelques minutes immobile avant de nous lever sans précipitation, essayons de maintenir quelque temps encore les effets apaisants de la méditation, puis reprenons une activité normale.
Au cours de la journée, peut-être nous remémorerons-nous ce moment de calme, ce qui nous incitera à une pratique assidue.
Peut-être.
À venir : la méditation informelle.
Espérant que ces quelques lignes auront été utiles. (Merci de le signaler si c'était le cas).
JCP 07/03/2020
À La Grande Librairie
À François Cheng
Miettes sur papier blanc,
Déjeuner au matin
Page au soleil levant,
Et composer quatrains.
JCP 02/2020 À l'occasion de la réédition de son dernier recueil de quatrains "Enfin le royaume".
Pour celles et ceux que la crise sanitaire, et plus encore le confinement présent privent de séances régulières de méditation en groupe auprès d'un maître, voici une vidéo enregistrée par Jacques Castermane en personne au Centre Dürckheim de Mirmande (Drôme).
L'écoute de l'enregistrement, d'une durée de 22 minutes, ne nécessite qu'un peu de silence, une assise stable devant votre ordinateur, et peut se pratiquer les yeux mi-clos ou fermés.
(CLIC/IMAGE - dojo de Mirmande)
Le zen : pureté, simplicité
Les flèches du temps
Longtemps nous avons craint la rupture du temps
Que ne soutenaient plus ses vieux piliers plaintifs.
Dès lors que les forêts, que le vent courbe et lisse
Et peigne de ses mains, brûlées du feu du ciel,
Ne furent plus qu’amas d’ossements et de cendres,
Se fit entendre ainsi la voix des anciens sages :
« - Jamais dans sa portée le javelot lancé
N’outrepassa la flèche. Aux armes de nos pères,
Courageux entre tous, il n’est d’autre recours ! »
« - Les flèches ennemies frappèrent la beauté,
À l’horizon saigna l’arc-en-ciel moribond ;
L’agonie des couleurs se glissa noire et blanche
Jusqu’au fond de nos cœurs - et fit pleurer les anges. »
Oraisons de guerriers, commandements de prêtres
Aux peuples acculés valent plus que sang neuf ;
Les armes déterrées ont effrayé nos mères ;
Mais du temps reconquis nos larmes ont séché.
Il n’est plus aujourd’hui que pousses de bois vert,
Ultime témoignage aux limites des neiges.
JCP 12/2019
Image : X
Labeur céleste
Il poussait laborieux et d’un essieu grinçant
Sa brouette remplie de brûlantes étoiles,
Et sous sa roue naissaient des comètes dorées,
Spectacle qui jadis le ravissait aux larmes.
- Tout cela vient d’Orion, fit l’Éboueur du ciel
Aux Anges cramoisis sous les nuées ardentes.
Et ceux-ci tout joyeux, d’une pelle cosmique,
Les jetaient en pâture au Trou Noir satisfait.
JCP 02/2020
Écrivain et poète français né le 24 avril 1951 au Creusot, où il demeure.
Introduction à "L'homme-joie"
C'est grâce à la télévision, temple formidable de l'inculture, qu'il me fut donné de décrouvrir Christian Bobin.
Et je n'en dirai rien :
les livres se découvrent
au parler du silence.
Concernant cet auteur, une mise en garde s'impose cependant : certains de ses textes sont notablement imprégnés de christianisme, ce qui peut se montrer rerettable, voire prohibitif pour les non-croyants. Cependant, l'effort d'ignorer ces passages peut être largement récompensé par l'heureuse découverte de véritables perles littéraires, et d'une poésie unique.
JCP
Inséparables
Libéré de son ombre
Qu’il ne voit déjà plus,
Il croit qu’il peut la fuir
Mais la retrouve au sol,
L’oiseau qui s’envolait.
JCP, au Wallace place St Georges 20/02/20
Friedrich Nietzsche, philologue, philosophe, poète, pianiste et compositeur allemand, né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach.
" La connaissance est pour l'humanité un magnifique moyen de s'anéantir elle-même."
Débris de rêve
Aux confins du cosmos, le rond-point des étoiles
S’engorge lentement, encombré des débris
Du rêve des humains. Car à ces lieux lointains
De tout être vivant, la pensée seule accède.
JCP 02/2020
Image : X
Au Père Léon*
Messagers du temps au noir regard que la poussière voile,
des siècles prisonniers observent, silencieux,
chaque jour qui se meurt et s’ajoute à leur âge.
Éclos du sillage empourpré des veinules de pierre,
de hauts champignons de lumière couvrent, de leur blancheur sage,
la litanie du faire aux tables parées.
Des vapeurs sonores, animant de reflets la longue voie de marbre,
répandent dans les airs l’arôme des bonheurs paisibles ;
pétrissant son journal, le vieil homme sourit.
L’éternelle continuité, qui toujours s’écoule au dehors,
perce de toutes parts le vaste écran des murs de verre,
où la vie se répète et ne meurt pas.
La brise aux effluves de rue laisse entrer de nouveaux captifs,
conserve du dehors un œil sur eux puis,
soumise à leur vouloir, les libère débonnaire.
Et la porte de verre s’ouvre et se referme
entre deux longues bouffées de silence.
* Grande brasserie toulousaine de la place Esquirol :
http://chansongrise.canalblog.com/archives/00_toulouse___la_tournee_des_bistrots/index.html
JCP 12/2019 - 02/2020 écrit en grande partie sur place.
Printemps
Sous les grands arbres nus
Que la lumière inonde,
Au printemps toute fleur
De couleur se souvient.
JCP 13/02/2020 au Père Léon
La Fenêtre des âmes
Débordant de savoir,
Le grand vaisseau des âmes
Approchait de Syrius.
Enfin libres du temps,
Et dans l’oubli du corps
Comme de tout avoir,
Elles goûtaient l’extase
Au grand bain des étoiles,
Lorsqu’une voix rageuse
Brisa la paix des cieux :
- Toutes en rangs de huit :
Formation en octets !
Et brandi par des anges,
Parut un grand bandeau
Où se lisaient ces mots :
« Bienvenue chez Windows ».
JCP 02/2020
L’agonie du temps
Navigateur jamais lassé
qui se riait des tempêtes toutes voiles crevées,
le Temps, qui ralentit sa course,
est venu s’abriter au pied de la falaise.
Tremblant comme un oiseau blessé,
lui qui se crut immortel connaît la peur du trépas :
- s’il allait voir sa fin sur cette grève où la mer se retire ?
Des malaimés il connaît tout suffrage,
et les peuples courroucés qui l’ont chassé là
n’auront de répit qu’il ne s’éteigne.
De tous traits reçus, son flanc voit s’écouler
le flot d’une durée qui lentement s’étiole,
et connaît sa fin.
Alors, dans le tremblement des airs,
le Temps perd sa substance ultime
et meurt sans pousser un cri.
De grands oiseaux blancs infléchissent leur course
et saluent le défunt dont ne reste,
sur les galets humides,
qu’un amas confus de chiffres et d’aiguilles
que, déjà, la marée emmène.
JCP 04/2019 – 02/2020
Page
Rivière aux eaux noires des mots,
Lente coulée vers l’horizon
Que la phrase dénoue sans cesse
À l’écume blanche des pages.
JCP 02/2020
Conception chinoise du quatrain
"La rhétorique chinoise conçoit le quatrain comme une dramaturgie à quatre temps : le premier vers qui est l'exorde, le deuxième vers qui est le développement, le 3ème vers qui doit marquer un tournant ascendant et le quatrième vers qui doit aboutir à une perspective ouverte".
(François Cheng)