Nikolaï Vassilievitch Gogol, LE JOURNAL D’UN FOU
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JC Barthel, Marée cosmique
Marée cosmique
Vague de puissance incréée, imminence brutale de si long temps établie, au creusement des grèves épuiseras-tu un jour ta fougue sans repos ?
Et toi, infime peau ridée d’un si vaste élément, que ne retournes-tu paisible au creux de l’insondable ventre qui un jour t’enfanta ?
Un espace incertain prend naissance sous tes coups rageurs, où le pas des titans, qui grondait aux lointains effarés, n’est plus que gazouillis de nichées dispersées.
Quelle force uniforme, quelle pensée de conviction opposeront un jour leur unité à tes humeurs changeantes ?
Est-il d’une vie sans fruit aux ruines des compulsions de conquête, cet état de souffrance à l’horizon rétréci ?
Tant rêvées de l’humaine utopie, ces idées sans panache d’une paix sans combat, d’un amour sans victoire, et d’un bonheur de vivre à la mort acceptée ne verront pas le jour.
Pourtant, à bâtir sur tant de ruines, une conciliation doit naître : jailli du Creuset des étoiles, un éclair de lumière éblouit le soleil !
Sous ce jour impartial, la pensée unique est au partage, et sous le ministère absolu qui requiert suffrage, un accord chancelle, grandit, puis se fait jour.
Et, sous l’ultime grondement du pas des titans qui se retirent,
La marée cosmique, rêve jamais rêvé,
Laisse un nouveau présage à d’invisibles grèves.
JCP 06/2019 – 07/2020 – 08/2020
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Rudyard Kipling
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Huit couleurs
ou : Après l'incendie
Évanoui le blanc, le bleu qui se répand
Étincelle de jaune, et le rouge hurlant
Qui dévore le vert laissera place au gris -
Mais toujours l’argent luit dans l’immensité noire.
JCP 08/2020
Heureuse destinée
Ignorant du destin que l’homme lui réserve,
Par la main approchée le papier blanc frémit.
Mais le crayon paraît : plutôt qu’allume-feu
Le voici convié à la fête des mots !
JCP 08/2020
Atrichum, image : X.
Point de vue
Plus haute que le ciel, la canopée des mousses
Qui oscillait au vent d’un nuage crevé
Portait pour une armée la boisson de campagne,
Trésor inestimable aux yeux du moucheron.
JCP 08/2020
Neptune
Une aventure spatiale
Le rayon du soleil qui se glisse en silence
Aux confins d’Uranus avance avec prudence.
D’une heure à l’autre il sent ses forces s'affaiblir -
Heureux de découvrir, il a peur de mourir.
Ce dilemme pourtant le mène vers Neptune,
Il s’y grise de bleu et des quatorze lunes ;
Et c’est à bout de souffle et piqué de néant
Que le soleil reprend son rayon dissident.
JCP 08/2020
Place St Georges
Parmi la foule
Sur cette mer sans rage où la vague s’étale,
Court un murmure doux venu creuser son gîte
À l’oreille assourdie où les échos se mêlent,
Et la vie se joue là sans mener de combat.
Un îlot de silence émerge sur la place,
L’homme assis à la table a bu son dernier rêve,
Et sur sa lèvre en paix vient de naître un sourire
Disant qu’au sein du bruit peut naître la quiétude.
JCP Dimanche 15/12/2019, foule du marché de Noël, place du Capitole, au Florida.
Cachou, 3 mois
Chaton
La patte avant se bat avec la patte arrière,
Et la queue s’est rendue sous les coups furibonds
De la dent acérée. Un moment de répit
Couronne la victoire, et les rideaux grimpés
En cascade de glace essuient de grands assauts ;
La mouche qui passait vient d’achever son vol
Sous la patte griffue, et le papier froissé
Visite sans repos des lieux inespérés !
Tel verre mal placé, tel bibelot de prix
Finissent leur carrière au bond mal assuré…
Tant d’étapes de gloire à la vie de chaton
Propres à un futur où il faudra se battre ;
Et le pardon s’accorde à voir tant d’innocence.
JCP 08/2020
Tycho Brahe, qui perdit une part de son nez en duel, et Kepler (image Arte).
Johannes Kepler
"Celui qui ne doute pas ne peut être certain de rien."
Anniversaire
Le soleil tire à l’arc ses rayons de lumière,
Dont il pique un à un les cratères lunaires ;
Et se voyant parée, la lune qui sourit
Sait qu’il n’oublie jamais ses milliards de bougies.
JCP 08/2020
L’enfant de la montagne
On ne sait qui avait accroché la montagne
Au ciel la tête en bas, offrant tous ses sommets
Au toucher de la main, et d’un curieux prodige
Les neiges les glaciers, les arbres les torrents
Demeuraient suspendus, immobiles dans l’air.
Paysage figé où l’œil comme la main
Séjournaient à loisir, tout se réunissant
À portée de la vue ou dans le creux des mains
Par la seule pensée du promeneur ravi -
De contempler enfin sans avoir à gravir.
Je demeurai longtemps, caressant les sommets,
Brassant la neige fraîche échappant à mes mains,
Ayant de vastes lacs comme plafonds liquides,
Et voyant l’eau de source envolée jusqu’au ciel.
Parut alors l’enfant vêtu de peaux de bêtes,
Un grand chien noir à ses côtés, et le suivant
L’interminable flot du troupeau de moutons
Dont il avait la garde. - Comment faire dit-il
Pour nourrir mes moutons ? La montagne à l’envers
A pris leur pâturage, et l’herbe de vos champs
Ne vaut rien à leur lait, comme à cet agneau-ci
Qui ne grandira plus. Rendez-leur l’herbe verte !
Enlacé tendrement entre ses bras tremblants,
L’enfant qui s’avançait portait un agneau mort.
Et, touché par ses pleurs, je dus briser mon rêve.
JCP 07-08/2020
Image : X
Place de la Bourse
À Michel Houellebecq
La haute cheminée vient de couler son ombre
Sur le balcon fleuri, et ne subsiste plus
Qu’un éclair étoilé luttant dans la pénombre.
Ô temps sois mon ami, libère ton reclus !
Atlantide à l’amarre en l’océan de pierre,
Une île existe là, que la foule célèbre
Aux saveurs dégustées d’un heureux temps perdu,
Succulentes lenteurs de longtemps attendues.
Et l’hôte de mon corps, où viennent de s’éteindre
Parole et mouvement, y savoure la paix.
Mais, gâcheur sans pareil, le temps qui reparaît
Pousse la cheminée, qui couvre de son ombre
La fenêtre et le toit - et me pousse à rentrer.
Ô fondre dès demain temps neuf et temps passé,
Retrouver les saveurs de l’île au bord du temps
Que la cheminée fige et puis qu’elle reprend !
JCP 09/2019 - 07/2020. Fin d’après-midi à « L’Alimentation », place de la Bourse à Toulouse. Regrets de n’y pouvoir retourner en 2020.
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Comme de nombreux lieux de Toulouse, la place de la Bourse jouit aujourd'hui d'un important regain d'activité. (Ce qui n'est pas du goût de tous les résidents, privés de calme nocturne les fins de semaine...) Image 2019.
Image : X,
Insomnie
Il range un à un ses rayons dans sa boîte
Et ferme ses grands yeux, mais ne peut s’endormir :
Il dort tant de lumière au creux de sa paupière,
Que jamais le soleil ne connaît le sommeil.
JCP 07/2020
La plume et le poète
Le papier silencieux qui assourdit le dire
A frappé ses écrits, et le mal qui empire
Assombrit le poète. Les anciennes clameurs
N’emplissent plus son âme, et son génie se meurt.
Les mots fleuris les mots guerriers se sont enfuis,
Et sa plume asséchée a retrouvé l’ennui
Des journées sans écrits. Elle pense à la joie
Qu’elle connut naguère, au vol des grandes oies.
Et la plume soudain se lance et écrit seule,
En longues larmes d’encre elle écrit son chagrin,
Comment du grand oiseau elle tomba de l’aile,
Pour finir tristement à griffonner quatrains.
Éveillé par le cri de la plume au papier,
Le poète copia le poème tout fait
Et l’offrit plein d’espoir à celle qu’il aimait,
Qui en fut tant émue qu’ils furent se marier.
JCP 07/2020
Porte de sortie
Ingénieux accessoire, il avait avec lui
Une porte de poche et l’empruntait parfois,
Saluant et quittant toute part de sa vie
Qui pouvait lui déplaire, et il disparaissait.
Ayant su le prodige et pleine de courroux,
Voulant lui faire voir que toute vie s’achève
À son propre vouloir, la faux déjà levée,
La Mort vint le trouver - mais il était sorti.
JCP 07/2020
Navire abandonné
Elle sent le goudron la barque sur le sable,
Et sa coque trouée laisse passer les herbes.
Mais l’eau n’y entre pas si l’on ferme les yeux,
Et c’est dans un ciel bleu tout hérissé de rames
Que l’ombre des pirates et du pavillon noir
Se mêle aux cris d’enfants d’un heureux autrefois*.
* Sans tablette ni smartphone les pirates existent.
JCP 07/2020
Fuir
C’est au troisième jour de sa nouvelle vie
Qu’il sut qu’il n’est d’enfer qu’on ne porte avec soi,
Et qu’il demeure en nous en quelque lieu qui soit :
Qui court au bout du monde emporte ses folies.
JCP, un 22 Septembre
Foin pour un temps des Proust et des Schopenhauer, des Giono comme des Baudelaire, la tirade talonesque de GREG vaut bien son pesant d'arachides, et la chute de celle-ci est à inscrire au patrimoine de la BD !
GREG, Ach!lle Talon et le quadrumane optimiste, page 10, éditions DARGAUD
Peinture vivante
À Jules Supervielle
Il n’y avait personne en la cuisine vide.
Seul un peu de fumée s’élevait du fourneau,
Et de riches senteurs trahissaient une soupe,
Cuisant à petit feu dans la marmite brune.
On ressentait pourtant une présence proche,
Vibration impatiente au-dessus de la table,
Où le couvert dressé attendait les convives.
Mais il ne paraissait toujours rien ni personne.
Soudain contre le mur, sur la toile noircie
Accrochée à un clou, quelque chose a bougé :
Le couple qui priait a laissé l’angélus,
Et fixe la marmite, assis au bord du cadre.
JCP 07/07/2020