Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

La Chanson Grise

30 mars 2021

Citation : Jean-Jacques Rousseau

 1200px-Jean-Jacq300pixelsit) copie

 

Jean-Jacques Rousseau

Rêveries du promeneur solitaire

 

◄►

 

Fin de la sixième promenade.

.................................. « Le résultat que je puis tirer de toutes ces réflexions est que je n’ai jamais été vraiment propre à la société civile où tout est gêne, obligation, devoir, et que mon naturel indépendant me rendit toujours incapable des assujettissements nécessaires à qui veut vivre avec des hommes. Tant que j’agis librement je suis bon et je ne fais que du bien ; mais aussitôt que je sens le joug, soit de la nécessité soit des hommes, je deviens rebelle ou plutôt rétif, et je suis nul. Lorsqu’il faut faire le contraire de ma volonté, je ne le fais point, quoi qu’il arrive ; je ne fais pas non plus ma volonté même, parce que je suis faible. Je m’abstiens d’agir : car toute ma faiblesse est pour l’action, toute ma force est négative, et tous mes péchés sont d’omission, rarement de commission. Je n’ai jamais cru que la liberté de l’homme consistât à faire ce qu’il veut, mais bien à ne jamais faire ce qu’il ne veut pas, et voilà celle que j’ai toujours réclamée, souvent conservée, et par qui j’ai été le plus en scandale avec mes contemporains. Car pour eux, actifs, remuants, ambitieux, détestant la liberté dans les autres et n’en voulant point pour eux-mêmes, pourvu qu’ils fassent quelquefois leur volonté, ou plutôt qu’ils dominent celle d’autrui, ils se gênent toute leur vie à faire ce qui leur répugne et n’omettent rien de servile pour commander. Leur tort n’a donc pas été de m’écarter de la société comme un membre inutile, mais de m’en proscrire comme un membre pernicieux : car j’ai très peu fait de bien, je l’avoue, mais pour du mal il n’en est entré dans ma volonté de ma vie, et je doute qu’il y ait aucun homme au monde qui en ait réellement moins fait que moi. »

 

 

►◄

 

               Cette fin de promenade (la sixième de l'ouvrage qui en comporte dix) est un des passages qui me parlent au plus près, et sans doute un de ceux que j'ai relu le plus, avec certains autres inclus dans la septième. Rousseau y parle de moi (comment est-ce possible, comment ose-t-il !...), et y dévoile certains traits de mon caractère dont j'ai toujours eu le plus grand mal à me défaire, encore aujourd'hui ayant atteint l'âge dit " de sagesse". Âge qui n'en a, - semblerait-il - guère plus que le nom.

Au fil de ces promenades dans la nature qu'il nous évoque avec poésie, Rousseau nous livre ses pensées dans l'ordre où elles lui viennent, et chacun trouvera matière à réflexion sur soi-même dans cet ouvrage qu'on ne saurait trop conseiller.

Bref et des plus savoureux, celui-ci, qui fait en quelque sorte suite aux "Confessions", fut écrit sur le tard par son auteur en exil pour avoir osé dire sa pensée*, alors qu'il était en pleine possession de ses moyens.

 

*  Dire sa pensée est un exercice redevenu tout assi périlleux de nos jours.

 JCP, 30/03/2021

Publicité
Publicité
16 mars 2021

Rosée (1324)

 

 

 

Rosée

 

Sur les hautes estives,

les nuées joufflues ont rejoint le grand flot des moutons,

et broutent avec eux l’étendue d’herbe fraîche.

 

Et dès que le vent, ce grand berger du ciel,

les aura ramenées aux vastes pâturages bleus, 

tout brin d’herbe luira

de leur claire salive.

 

 

 

JCP, 03/2021

28 février 2021

Antiquités (1152)

 

 

 

 

Antiquités

 

Jour après jour lissés

de mains de long temps mortes,

objets que seule anime

la poussière du temps,

 

en tous vos corps hagards

conservez-vous cachée

la mémoire oublieuse

des êtres du passé,

 

qui votre peau si lisse

jour après jour lissèrent ?

 

 

 

JCP 01/2020

 

16 février 2021

Entre les notes (Quatrains, 1317)

 

 

 

 

Entre les notes

 

Le silence est venu se glisser dans la salle,

Et le grand homme sombre aux mains pleines de vide

Le jette entre les notes. Alors, mélancolique

Ou bien pleurant de joie, le silence est musique.

 

 

 

JCP, 02/2021

15 février 2021

La grève des éboueurs (310)

 

 

 

La grève des éboueurs

 

À Julien Gracq,

                                              À Gustave Flaubert

 

                          C’était à Rosemont, faubourg d’Orgeville, dans une des maisons basses de la rue des Inclinations.

Sous le feu croisé des discussions, le flot des paroles proférées s’amassait parmi les couverts, jaillissant sur la table en jets discontinus, éphémères fulgurances entrecoupées de pur silence.

Et l’on voyait mots et phrases éclater en comètes mortes et se répandre, cadavres inintelligibles, sur la nappe en masses informes de graphismes entremêlées.

Tard dans la soirée, alors que déclinait la parole, on dut ouvrir portes et fenêtres et rejeter l’inutile résidu des entretiens jusqu’au milieu de la rue, où l’on voyait grandir la montagne inerte des mots déjà dits.

Ce fut à l’aube qu’apparut l’ampleur du désastre : les millions de mots, proférés depuis le début de la grève des éboueurs de phrases mortes, partout jonchaient le bitume, putrides et malodorants.

Aussi, on ne peut que déconseiller Orgeville avant que ne trouve issue le fâcheux conflit social.

 

 

JCP  14-21/11/2010 ; 01/2021 B

Publicité
Publicité
30 janvier 2021

Rage d'écrire (Quatrains, 1316)

 

Rage d'écrire_0001450 copie

JCP, 01/2021

26 janvier 2021

La part du vent (1088)

 

 

Sur la vaste étendue de lisse pierre grise,

La parole a glissé, emportée par la brise ;

Et son timbre diffus, retourné par l’écho,

Ne sera jamais plus que cadavres de mots.

 

Sont-ce des mots de haine ou d’émerveillement,

Sont-ce mots jamais dits de timides amants,

Surdité de l’amour qui refuse sa grâce,

Et désunit les pas dont la trace s’efface ?

 

Soient-ils de servitude ou bien de révoltés,

Soient-ils de plénitude en face des beautés,

Les mots non écoutés rejoignent la cohorte

Des damnés du silence, et le vent les emporte.

 

 

JCP 12/2019

23 janvier 2021

Aeroscopia (1315)

 

 

 

Aeroscopia

 

La fusée dans le pré ne décollera pas :

C’est celle de Tintin, emblème de ce lieu,

Et parents et enfants ont déserté le parc -

Où certaine tribu qui fume les pelouses

Abandonne l’ordure au parterre de fleurs.

 

Des avions de combat, les ailes arrachées,

Le cockpit étoilé et le ventre dans l’herbe,

Attendent patiemment le monteur bénévole

Qui n’est pas revenu. Tout est barricadé,

Et les herbes sauvages envahissent l’enclos.

 

Les beaux vaisseaux des airs, autrefois admirés

Par un public radieux ne sont plus visités.

Et le grand parking vide, où des papiers s’attardent,

N’est plus qu’un damier gris délimité de blanc,

Où des joueurs fantômes jouent d’invisibles pions.

 

Seuls quelques promeneurs laissent leur chien courir

Parmi les boutons d’or, et tout l’espace semble

S’être donné le mot pour paraître morose,

Et dire qu’autrefois rire et voix résonnaient -

Au musée des avions fermé pour pandémie.

 

 

 

JCP, 01/2021 (Jeudi 21/01)

Aeroscopia vu de l'intérieur :

http://souliervoyageur.canalblog.com/archives/2016/09/18/34337754.html

Aeroscopia vu de l'extérieur :

http://souliervoyageur.canalblog.com/archives/2020/11/27/38674317.html

Site Aeroscopia :

http://www.musee-aeroscopia.fr/

 IMG_4795 co100pie

21 janvier 2021

Justice ! (1301)

 

 

 

Justice !

 

Honte au voleur d’étoiles,

Lâche jamais châtié,

Répugnant profiteur

D’un décompte impossible !

 

 

JCP, 12/2020

15 janvier 2021

À crédit (0886)

 
 

 

 

À crédit

 

Il trotte dans ma tête un fossoyeur sans pelle,

Qui se rit bien de moi sous ses airs trop sérieux.

Car ce berger des morts, qui met autant de zèle

A refermer les tombes, me joue un autre jeu.

 

Sa voix que je pressens n’a pas assez de force,

Pourtant je la devine à travers mon écorce

Lentement fissurée sous les intempéries ;

Mais de grands archipels se montrent pleins de vie !

 

- Fossoyeur de ma joie, tu n’auras pas mon corps :

Malgré ces os vieillis, j’apaiserai ma tête

Pour la vider de toi ! Je te confie ma mort,

Mais la joue à crédit, et non à la roulette !

 

 

Jyssépé  03 04 18

12 janvier 2021

Cuisiner un ange (Recette 02-P47)

 

                  Faisant suite à « Cuisiner une plaque d’égout » voici, clairement exposée, une nouvelle Recette Innovante, peu présente dans les ouvrages spécialisés :

 

 

 02 - Cuisiner un ange

 

 ◄►

 

                                    Il n’y a là, contrairement à la croyance (certaines idées reçues ont la vie dure…), que peu de difficulté, et toute recette culinaire ayant pour sujet le gros volatile s’applique. Seule la taille du sujet exige une découpe en quartiers pour le four (l’autruche n’est pas en reste).

Bien qu’une cuisson broche et feu de bois soit envisageable, c’est le civet au vin de messe qui offre les meilleurs résultats : toute la douceur angélique s’y déploie. Notons ici que la chair plutôt ferme du sujet (que l’on pense aux puissantes sollicitations musculaires subies par le messager lors des pénétrations atmosphériques ) nous fait préférer une cuisson lente à feu doux (mariner dès la veille aux huiles fines et aux aromates, et compter 12 à 14 heures sur le feu).

Le plumage cependant diffère en ce sens des autres volatiles que, la plume étant à la mesure du nombre des années-lumière de son usage, elle se montre relativement coriace et profondément implantée. Ébouillanter au préalable et ne jamais plumer à vif, la créature gémissant à faire pleurer les pierres.

Sans égaler l’oie grasse ou le canard sauvage, la chair de l’ange est plutôt fine, bien qu’affectée parfois d’un fumet de galaxie qui peut surprendre (se renseigner sur les zones de chasse autorisées et les flux migratoires).

Il est cependant un important critère à prendre en compte : un abattage irresponsable peut rapidement mener cette espèce asexuée incapable de reproduction à son extinction totale, et peut-être même, bien qu’aucun cas ne nous ait été rapporté, à certain Courroux Céleste - chasseurs croyants s’abstenir, on ne sait jamais...

Dans l’attente d’une reproduction ADN en vue de l'élevage en volière (des expériences encourageantes sont en cours), on consommera donc l’ange avec beaucoup de modération - tentantes soient les nourritures célestes.

 

►◄

 

En savoir plus  sur cette espèce menacée :

http://chansongrise.canalblog.com/archives/2014/09/07/30162619.html

 

 

Jyssépé 12 / 2018

◄►

Cuisiner une plaque d'égout :

http://chansongrise.canalblog.com/archives/2018/12/28/36974265.html

8 janvier 2021

Surmené (Quatrains, 1305)

 

 

 

Surmené

 

- Impossible aujourd’hui, et demain je suis pris…

Les choses s’accumulent, et le temps ce chien fou

Qui ne ralentit pas ! C’est une vraie montagne

Qui m’attend voyez-vous - de rien-faire en retard. 

 

 

JCP, 01/2021

6 janvier 2021

Aurore (1275)

 

 

Aurore

 

Le temps n’est rien, le temps est tout et la mort vient

Par ce même chemin, où passe la lumière

Et se répand la nuit. Aux vergers ruisselants

De cette aube d’hiver, où la dernière feuille

Résiste encore au vent, de longs fils de lumière

Unissent toute branche au soleil du matin,

Alliance du cosmique aux bataillons du ciel,

Que les rayons lointains d’une dernière étoile

Dirigent dans les airs sans froisser le silence.

 

 

 

JCP, 11/2020

5 janvier 2021

Méditerranée (Quatrains, 1299)

 

 

 

Méditerranée

 

Piquées de tant de mâts,

Les nuées se déchirent,

Et revient le ciel bleu

Sur le port de plaisance.

 

 

JCP, 12/2020

3 janvier 2021

Clartés (1027)

 

 

 

Clartés             

 

                          

                        Âme, dans les langueurs de tes profonds désirs, cesseras-tu de boire à ce vin clair des grèves, vendange de mer aux rangs de vigne bleue piquetés d’écume, grisée de nostalgie dès la première aurore du rêve ?

Que ne laisses-tu au sable soumis des hautes lunaisons la joie de s’enivrer à la coupe sans fond, pour puiser à sa bulle le pétillant bonheur des journées sans frontières ?

Et la tempête d’heures qui ronge ton destin, assise au bord du temps sous la pâle lumière des lointaines étoiles, laisse-la décliner en toi !

                   Âme, c’est ainsi qu’à ta paix reconquise j’accorderai mon cours, et que mes nuits connaîtront des songes moins amers.

 

 

 

 

JCP, 06/2019 – 12/2020

1 janvier 2021

Littérature

 

Littérature

 À Marcel Proust

 

                        Incomplète, triste et ennuyeuse est la littérature qui se contente de décrire la surface des choses - cela soit-il bien fait - et ne sait, plus en profondeur, offrir à notre âme ni la musique des mots ni le rêve, non plus que la métaphore inattendue qui nous ouvre, en parfait sésame, grandes les portes de la mémoire et de l’imaginaire.

 

Ceci soit dit plus haut encore de la poésie.

 

 

JCP, 12/2020

25 décembre 2020

Musique (1223)

 

 

 

Musique

                    

Au concert quelquefois

les belles écouteuses

ont l’oreille voyeuse

 

 

JCP 07/2020

22 décembre 2020

Citation, Laurence Equilbey

 

 

« La musique est une clé qui ouvre les portes de l’inexprimable ».

 

Laurence Equilbey, directrice d'orchestre

 

laurence-equibley co300pie

21 décembre 2020

Sur la neige (1289)

 

 

 

Sur la neige

 

Bouton blanc qui manquait

Au vaste manteau blanc,

Le flocon blanc se pose

Et se fond dans le blanc,

Page blanche encre blanche

Où ne se lit que blanc.

 

 

 

11-12/2020

18 décembre 2020

La mort du miroir (1294)

 

 

 

 

La mort du miroir

 

Comme une outre percée d’où couleraient des larmes,

Le miroir s’est vidé de ses anciens reflets,

Et la flamme qui court à son tain fissuré

Dessine un arc-en-ciel de poussières d’images.

 

À sa surface lisse où le noir s’établit

Luit un dernier éclair, révélant les abysses

D’une mémoire morte : le miroir suicidé

Ne reflètera plus ce monde de laideur.

 

 

JCP, 12/2020

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>
Newsletter
Publicité
Archives
Publicité