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La Chanson Grise

30 mai 2018

Le courroux du kyosaku (0920)

 

DU CÔTÉ DU ZEN

 

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kyosaku copie

 

 

Le courroux du kyosaku*

 

                                                                        Dédié à B., V. et J.M.

 

Symbole d’un pouvoir au Vide pour substance,

Sur le lit de son ombre il reposait serein,

Et se laissait bercer par la cloche d’airain

Dans la ferveur des voix aux plaisantes nuances.

 

Sous ces chants merveilleux venus du bout du monde,

Il retenait les larmes d’émotions si profondes

Qu’il ressentait sa fibre vibrer à l’unisson,

Car il était du bois dont on fait les violons.

 

Mais du concert parfait on a troublé le rite.

Percussions échappées - ou notes mal écrites -

Le jetèrent à bas sur le grand tatami :

L’homme résolument n’était pas son ami !

 

Et la pièce de bois, d’un courroux des plus justes,

S’élevant du tapis d’un vigoureux élan,

Par la fenêtre ouverte - prodige saisissant -,

Rejoignit la forêt et redevint arbuste.

 

Depuis ce jour maudit, l’ombre du kyosakou

Plane sur son support. Et par les soirées calmes,

Certains disent sentir comme un souffle à leur cou :

Le bâton rituel avait-il donc une âme ?

 

 

 

* Le kyosaku (prononcer kyosakou) est une sorte de bâton plat (image) avec lequel les maîtres des monastères zen frappent l'épaule du disciple dont l'attention se relâche, ou qui s'assoupit au cours de la méditation. Dans les dojos zen occidentaux fréquentés par les laïcs, le maître utilise le kyosaku à la demande du pratiquant dans le but de détendre les muscles des épaules.

JCP 30 05 - 01 06  2018

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16 mai 2018

Salutaire serpent (0919)

 

DU CÔTÉ DU ZEN

 

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Caduceo copie

 

 

Salutaire serpent

                                        Dédié à V. et à J.M.

 

 

Poussé par la pensée dont l’élan volontaire

Appelait à guérir, le tube salutaire,

En serpent échappé de quelque caducée,

Progressait lentement dans la narine enflée.

 

Porteuse de douleur, la marche interminable

De ce corps étranger dans un corps de patient

A fini par cesser. Mais surgit le torrent

Des eaux chargées de sels aux suites redoutables,

Et le corps qui se crispe sous l’attaque du feu

Appelle en vain la mort, qui se rit de si peu.

 

La vague de souffrance pourtant trouve sa grève.

En ce corps affligé qui retrouve sa sève,

De grands apaisements semblent tomber des cieux

Sous l’explosion de joie des soins miraculeux.

 

 

 

JCP 16 -18 / 05 / 2018

16 mai 2018

O.B.N.I. ou : Le Zazen du bois (0864)

 

DU CÔTÉ DU ZEN

 

 sépar 75 k copie

OBNI 680

Portrait d'un O.B.N.I. (l'OBNI, d'humeur quantique, se dérobe au gros plan)

 

 

O.B.N.I.*

Ou : Le Zazen du bois

                                         Dédié à V. et à J.M.

 

 

Fait du bois le plus noble et d’un poli parfait,

Il avait tout pour plaire, mais nul ne parvenait

A percevoir l’usage de cet objet bizarre :

Un plateau, deux montants emprisonnant deux barres.

 

Ainsi le Grand Koan**, l’article de Paris,

L’appareil de science et mille théories,

Tout fut envisagé ; on le retourna même,

Et l’on trouva pour lui tous les noms de baptême.

 

Mais du fond de la salle une voix s’éleva :

- Tout l’esprit de Zazen est dans cette machine,

Il convient de l'asseoir aux côtés du Bouddha :

Le Rien-Faire-Attentif qui nous vient de la Chine

Est semblable au repos de l’objet sans emploi,

Qui nous montre l’exemple de sa fibre de bois !

 

 

(Publié à l'origine en Mars 2018)

 * Inspiré par un « Objet de Bois Non Identifié » hautement commenté à certain Dojo Zen après Zazen*.

** Koan : énigme en usage dans le Bouddhisme Zen, plus particulièrement le Zen Rinzaï.

* Zazen : méditation assise du Bouddhisme Zen.

JCP 09 03 2018

13 mai 2018

Le petit musicien (0904)

 

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                                                                                                    Mozart enfant, Heinrich Lössow, château de Linz (détail)

 

Le petit musicien

 

                                  Les deux pieds dans le vide, on l’a juché sur un tabouret plus haut que lui, et il sourit aux angelots joufflus qui soufflent dans leurs longues trompettes. Il est prêt. Il a longuement préparé les notes, il les a toutes dans sa tête, limpides, prêtes à jaillir, et ses trompettes à lui seront plus belles que celles des anges !

                                  Il étend lentement les bras, et le tissu trop lourd de sa jaquette neuve crisse doucement à ses épaules.

Il n’aime pas les vêtements neufs.

Les yeux fermés un moment, il écarte à rompre ses petits doigts impatients, qui s’abattent sur le grand clavier et font vibrer la nef, dans un écho qu’il savoure jusqu’à son extinction. Il laisse le silence glacé de la cathédrale l’envahir, puis relève les bras.

Cet accord tonitruant lui plaît. Il ne jouera pas ce que lui a demandé son Père. Il n’ouvre pas la partition.

Et le visage soudainement grave, il part dans une improvisation fulgurante qui laisse, il le voit tout en bas, l’assistance des quelques familiers béate.

                                  Ce n’est pas cette vieille musique, grinçante et crispée de Bach, ces anciens-là chient* du marbre, c’est SA musique qu’il joue, elle est libre et n’appartient qu’à lui ; et tout se succède au bout de ses doigts, qui courent au clavier plus vite que la pensée ; il ne sait où la musique l’emmène, mais il la suit et ne s’arrête pas !

                                   Et les notes qui naissent là-haut, si haut, tombent sur ses épaules, frisson musical tantôt timide ou caressant, aimable, langoureux ou bien brutal et guerrier, perles évanescentes des fontaines dont le vent se joue, fleuves tranquilles ou torrents impétueux aux cascades tonitruantes qui font vibrer le plancher de l’abside en caisse de violon sans dimensions !

                                   Et toutes ces notes rejoignent en temps voulu le silence de leur extinction, dans cette mort si douce qui ne cesse de faire place à d’autres beautés, bouquet musical aux fleurs toujours renouvelées à l’appel de ses doigts sur le clavier d’ivoire.

                                    A la toute dernière, sa note préférée, peut-être un accord, il ne sait pas encore, il confiera le soin d’abaisser le rideau lourd de cet anéantissement final, naufrage silencieux où flotte en surface, parmi tant d’épaves dispersées, toute l’émotion de la musique qui s’éteint.

                                   Laissant alors courir encore un peu sa main droite sur la dernière variation de flûtes, vite, il amène à lui les deux tirettes de la gauche, lève haut les deux bras, et frappe le clavier de toutes ses forces, dans ce même accord de notes graves qu’il prolonge, celui du début, puis il laisse libre cours à la musique du silence, alors que le souffle des grands tuyaux se dissipe en écho sur les vieux murs.

                                    Ce moment-là, où les mains se séparent du clavier comme à regret, mais ne s’en éloignent pas encore assez pour susciter les applaudissements, est traversé de mille pensées incertaines. Il voudrait prolonger cette sensation troublante ; pourtant, il faut finir. Et le petit musicien qui se sait déjà grand relève lentement ses bras, saute du tabouret, bondit vers la balustrade et salue. Son père approche, et il voit à son sourire retenu, un œil sur la partition fermée que, même en désobéissant, tout était bien.

Il sait que son art doit évoluer, mais il sait aussi qu’aujourd’hui, il vient de faire un grand pas.

 Tout en bas, la nef retentit des applaudissements clairsemés mais vigoureux du petit public d’intimes qu’il entend monter à lui, à pas précipités et sonores par l’escalier de bois.

                                   Mozart, qui n'a pas encore dix ans, se passionnera pour « Le roi des instruments » comme il le nommait, et ne manquera pas d’en jouer. Pourtant, il ne le fait entendre que dans de rares compositions.

 

* On croit savoir que ces mots étaient les siens.

                                                                                                                      

JCP 25-26 04, 11-14 05 2018

8 mai 2018

Jour de pluie (0908)

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Jour de pluie

 

Un matin noir de pluie,

le rêve à la fenêtre renaît des anciens jours.

Sur la vitre embuée se dessinent du doigt

les motifs enfantins d’une jeunesse enfuie,

nostalgie de la pluie à l’éternel carreau.

 

Élargi de la main, le hublot un peu flou

ne laisse de beautés que d’un monde choisi,

et la pluie qui les hache

vient étoiler la vitre d’éclats de souvenirs.

 

La vision monotone embrasse un pays vague

dont l’image diffuse déroute la pensée,

et dans cet heureux vide

s’infuse à la buée une part de bonheur.

 

 

JCP 05 05 18

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1 mai 2018

L'Esprit du bois (0906)

 

 

 

 

L'Esprit du bois

 

Table essuyée volets tirés,

à l’issue du repas ils invoquaient l’Esprit - et l’Esprit était là.

- Une fois c’est oui. Deux fois c’est non.

Amour, fortune et bonheur n’attendaient que le oui,

et la table disait oui !

 

Ainsi tous assurés de leur part de bonheur passèrent au salon :

champagne et gâteaux secs à l’avenir radieux !

- Une fois c’est oui. Deux fois c’est non.

- Au OUI levons le verre !

 

Or, dans la pièce voisine dont la porte était close,

la table du bonheur disait encore oui :

la dent d’un ver foreur,

Esprit du bois d’un appétit rageur,

à chacun de ses coups faisait dire à la table :

- oui… oui… oui… oui… oui…

 

- Une fois c’est oui. Deux fois c’est non.

 

 
 

 JCP 01 05 18 Pour les Impromptus Littéraires : Esprit es-tu là ?

28 avril 2018

Lithophagie (0902)

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Lithophagie

 

                 Indécise et troublante parenté, le bien-voyant lui-même y pourrait voir caillou venu là s’unir à la roche et pourvu d’algue fine : pourtant le galet s’ouvre et délivre à la vue tout un monde vivant humide, salé - comestible.

                 Le geste d’ouvrir, c’est au prix du sang qu’on l’a compris, nécessite la pratique sensée d’une lame épaisse et maltranchante.

                 Le coffre aux délices est tout de nacre constellé, et sa contemplation seule pourrait suffire, mais le plaisir réside en la moitié creuse : il y a là, dans cet appareil mou baignant au reste d’eau, à boire et à manger.

                  De bleu, de vert, de gris, un œil glauque cillé d’un beau noir nous regarde : va-t-on y mordre à vif ?

                  Passé le sursaut d’éthique, on se délecte aux saveurs océanes sans retenue, en appelant derechef au tendre galet de mer (on voit bien qu’il n’en a pas le poli), qu’en nombre on arrache fébrile à la roche.

 

 

JCP 15  04 18

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25 avril 2018

Le pommier de la voisine (0903)

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Le pommier de la voisine

 

                Cela se passait neuf mois avant la naissance de Gilles, c’est pour dire…

                Un jardinier gentil s’était épris d’un pommier - il est d’étranges mœurs dans la nature.

Or l’arbuste joli, que cernaient de hauts murs, logeait chez sa voisine - pareillement cernée.

               La dame étant lingère, un complexe réseau de cordes quadrillait son jardin, encombré nuit et jour du linge qui gouttait, et cachait à la vue du pauvre jardinier le pommier de son cœur. Comprenant sa douleur, le vent compatissant parfois levait un voile sur son amour, et l’on vit des tempêtes de sous-vêtements s’abattre sur le grand boulevard, certains imprégnés de rouge à lèvres – on l’a dit, il est d’étranges mœurs dans la nature.

                Par un beau jour de Mai, le linge qui séchait au dehors disparut pour de bon, libérant à satiété la vision du pommier au bonheur neuf du jardinier.

                Et tel le légionnaire képi à la main devant Mr. Seguin, on vit l’homme tremblant frapper chez sa voisine.

                Sans doute eût-il été fort croquignol d’apprendre ce qu’il put bien lui dire ; et ce qu’en retour elle lui dit ; hélas nul ne le sut - eux-mêmes l’ayant tu.

 

 Respectant saintement Lecteur et Vérité,

On voit bien que l’auteur ne dit que ce qu’il sait.

 

 

JCP 16 04 18, pour Les Impromptus Littéraires : caser dans le texte :

- Un personnage : un jardinier amoureux
- Un lieu : au milieu du boulevard
- Un objet : un rouge à lèvres
- Un moment : avant la naissance de Gilles
- Un problème ou une anomalie : le linge qui séchait dehors a disparu

 

Complément d'information paraissant nécessaire :

Dessin de Claude Serre

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9 avril 2018

Les sanglots de la mer (0883)

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Plage de Kerhilio, Erdeven, Morbihan

 

 

Les sanglots de la mer

                            La mer, probablement lassée d’un incessant ressac, est venue faire escale sur la plage. Un homme est assis sur la grève encore humide et les eaux, en moutons attentifs, se sont rassemblées tout autour de lui.

Dans cette paix que l’on sait contenue, se devine un moment rare et le vent, couché sur le sable, parle de silence. Quelque chose de doux vibre dans l’air sous le soleil qui se voile, et l’on entend le tintement clair des coquillages brisés, dont la houle fait sable.

Accoudée à sa vague, soudain la mer s’adresse à l’homme médusé :

- A toi seul je le dis : si je suis naviguée, je ne navigue guère, et j’envie les eaux libres, libres de voyager. Les torrents les ruisseaux, les fleuves les rivières dont le cours n’a de cesse, courent joyeux tous continents, ivres des merveilles d’un voyage sans fin. Et parfois m’a-t-on dit, leur cours se multiplie.

Moi seule reste là, bornée de roches, cernée de grèves, aux griffes de l’ennui.

Hors la lente marée, qui de ma robe trousse un peu la couture et mes justes colères, je ne serais qu’eaux mortes, ne sachant rien des terres dont je baigne les bords…

Sous le regard de l’homme attristé, et versant à la vague de longues larmes d’écume blanche, les eaux se retirèrent lentement.

Ainsi parlait la mer.

 

JCP 01 04 18

2 avril 2018

La tectonique des tablettes (0884)

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La tectonique des tablettes

 

Insidieuse saveur, enthousiasme infini,

Tous ses doigts entachés et tablette finie,

Seul le papier d’alu, qu’elle roule et déroule,

Reste du chocolat, incomestible boule.

 

Et déjà monte en elle, indicibles aigreurs,

Le symptôme hépatique ; elle sait son malheur

Et connaît ses faiblesses : pas plus de trois tablettes,

Ou c’est la maladie qui la tient aux toilettes.

 

Elle le sait pourtant, le chocolat chez soi

C’est se vouloir du mal, l’abîme devant soi ;

Elle avait tout jeté, et voilà qu’on lui offre,

Impossibles amants, de quoi s’emplir le coffre !

 

- Le plaisir maintenant, la douleur au tournant,

L’amour le chocolat, on le voit sont complices :

Souffrance de l’absence ou le foie qui se plisse* ;

C’est dit jusqu’à demain, je n’aurai plus d’amant !

 

 

* Ça fait très mal.

 

JCP 02 04 18 Pour Les Impromptus Littéraires : « Du chocolat ».

17 mars 2018

Au bord du souvenir (0868)

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                                                                                                                                                                          Un certain Noël 1965, non loin d'Albi

 

Au bord du souvenir

 

Du souvenir perdu s’élève une fumée :

On voit parmi la cendre des pantins animés  7-6 corriger

Dont les mains me font signe et qui crient à tue-tête.

Ce grand charivari ressemble à une fête,

Où mes amis d’alors, certains perdus de vue,

D’autres perdus de vie, crèvent le temps perdu.

 

Les vins blancs trafiqués, les fumées du tabac,

Les alcools bon marché aigrissaient l’estomac,

Qui d’humeur vengeresse exigeait les toilettes,

Sous l’œil trop indécis des futures conquêtes.

 

Le mental timoré aux volontés du corps,

Parfois la main, le pied, plutôt qu’un mot retors,

Exprimaient sous la table un geste qu’on repousse,

Cul de sac d’un langage que le penchant émousse,  7-6

Présumant d’un futur parfois passé présent,

Parfois dissuadé sur un retour violent.

 

Des sens qui s’éveillaient, auteurs du léger crime,

Nulle ne se plaignait, flattée plus que blessée :

Une main repoussée, une main acceptée ;

Il n’était là qu’un jeu aux atteintes minimes,

Le grand jeu de la vie, qui dit-on rend heureux,

Passe par ces épreuves et s’aventure à deux.

 

La vie qui joue aux dés éloigne ou bien rapproche,

Laisse en vie longuement ou dit à la mort : fauche !

Sentence du hasard qui nous fait ressentir

Ce qu’il faut de présent pour faire un avenir.

 

 

JCP  16-17 03 18

28 février 2018

La quête du brochet (2) (0861)

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La quête du brochet (2)

 

Tant de fois entendus - rumeur à son oreille -,

Les mérites de l'Eau, « merveille sans pareille »,

Poussèrent un brochet à consacrer sa vie

A rechercher partout le liquide de vie.

 

S’éreintant nuit et jour à son rêve ambitieux,

Il remonta des fleuves, aborda les mers bleues ;

Et parvenant au bout de sa passion maniaque,

Rampant sur les cailloux, il explora les flaques.

 

Ayant passé le monde au fil de son tamis,

Il retourna bredouille auprès de ses amis :

- Je n’ai pas trouvé l’Eau et dépose les armes,

Fit-il tout secoué par le flot de ses larmes.

 

Pourtant ses pleurs séchés, il décrit les splendeurs

Que dispensent les fonds de ces lointains ailleurs ;

Et tout à ces beautés, d’humeur plus satisfaite,

Il se rit à l’échec de l’improbable quête.

 

Un brochet des plus sages, autrefois voyageur,

Empli des nostalgies de son ancien bonheur,

Lui dit : - Ainsi tu vis le monde magnifique :

Fausse rumeur suivie est parfois bénéfique.

 

 

JCP 02 2018  Revu et complété pour Les Impromptus Littéraires

5 février 2018

Le Zazen du chat zen

 

DU CÔTÉ DU ZEN

 

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Le zazen¹ du chat zen

 

C’est délaissant combats, croquettes et coussins,

Que mon chat le matin fredonne ce refrain,

Ses yeux rivés sur moi. Qui sait dans quelle langue

Ce diable de matou déclame sa harangue… :

 

« Kan ji zaï bo satsu,

Gyo jin Hannya Haramita

Ji Sho ken go on kaï ku,

Do issaï ku yaku… » ²

 

Mon voisin japonais, venu me saluer,

Entendit ce discours et en resta muet :

Il avait reconnu, comme chanté naguère,

Le sûtra des grands sages de ses lointaines terres,

Dont résonnaient partout les pagodes sacrées.

- Votre chat en Bouddha, fit-il, est incarné.

 

- C’est un grand privilège qu’en aucune Écriture

On ne trouve cité. C’est un signe j’assure,

Qu’il faut considérer, et le message est clair :

Votre chat vous invite au zazen salutaire.

 

Étudiant ce mystère, je me souvins qu’Alice³

Jadis connut un chat débordant de malice,

Qui sut l’accompagner vers un heureux destin :

Il fallait obéir au vouloir des félins.

 

Du mental ennemi je parcourus l’empire,

En combattant paisible l’empêchai de me nuire ;

Et depuis, tous les jours, assis jambes croisées,

De ce bonheur de Chat je suis fort apaisé.

 

 

 

¹  Méditation assise du Bouddhisme zen.

²  Extrait phonétique du « Sûtra de la grande sagesse », connu d’une majorité de Japonais.

³  Du Pays des Merveilles de Lewis Carroll.

JCP 02 18 Pour Les Impromptus Littéraires ("Mon chat me fixe")

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28 décembre 2017

Parole de Maître

 

DU CÔTÉ DU ZEN

 

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Image : X... merci au talentueux créateur qui, je l'espère, ne m'en voudra pas d'avoir ajouté cette bulle.

13 décembre 2017

Des difficultés de la méditation (1)

DU CÔTÉ DU ZEN

 

 sépar 75 k copie

Les plus grands maîtres, eux-mêmes en vérité, sont soumis aux agissements d'un mental parfois inamical...

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Image JCP d'après celle de la statue de Taisen Deshimaru (1914-1982), grand maître du Zen soto, jardin japonais de Toulouse.

(Certaines & certains auront reconnu les lunettes animées d'Alice au Pays des merveilles de Walt Disney)

8 décembre 2017

Zarathoustra monte en bateau

 

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Zarathoustra monte en bateau

                                                                                                    Dédié à V.

 

- On ne me comprend pas se dit Zarathoustra ;

Mais sous ce soleil bas taché d’horreurs mystiques,

Je le sais maintenant, le Surhumain naîtra -

De fleuves impassibles, ou de drames antiques.

 

Et le danseur de corde, sublime et solennel,

Aux trombes aux ressacs rythme son lent délire.

Il sait le bien, il sait le mal, tantôt sage ou charnel,

Tel un noyé pensif qui pleurerait sa lyre.

 

- Ayant vu quelquefois ce que l’homme a cru voir,

Je planterai le germe d’un tout nouveau savoir,

Car sous le gouvernail des éveils maritimes,

Mon aigle et mon serpent reconnaissent l’abîme.

 

Dans les clapotements de furieuses marées,

Le vieil arbre noueux, qu’embrasse un cep de vigne,

Au poème des mers qui ne connaît d’arrêt

Voit le monde parfait qui de loin lui fait signe.

 

Ainsi Zarathoustra, en son âme éveillée,

Et par le Surhumain qui lui fut révélé,

Au pied des azurs verts dont il souffrit les trombes,

Connut l’aube exaltée que peuplent les colombes.

 

 

Arthur-Friedrich-Wilhelm

 

JCP 08 12 2017, adaptation libre de deux oeuvres majeures*, irrévérencieusement entremêlées.

 

* "Ainsi parlait Zarathoustra" de Friedrich Nietzsche et "Le Bateau ivre" d'Arthur Rimbaud.

 

6 mars 2017

0803 Jeux de dieux

 

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                                                                                                                                                                          Image : comp. JCP

 

Jeux de dieux

 

Les tempêtes venues de la lointaine Orion,

Et le sable amassé par les grands vents solaires

Ont laissé sur Terre de grandes confusions,

Annonçant à l'humain l'extinction de son ère.

 

Le soleil repoussé aux confins de Saturne

N'a plus que la grandeur de l'une de ses lunes,

Et la Terre entraînée par l'astre incandescent

Autour de Jupiter gravite lentement.

 

Le sable sur la Terre a remplacé les eaux,

Et de traces de vie ne restent que des os.

Un ultime arc-en-ciel s'élève sur les dunes,

Et ses couleurs fondues ont des pâleurs de lune.

 

Mais au fond du cosmos des rires retentissent,

Et l'on croit percevoir comme un parfum de vice :

Au mépris des mortels, les Dieux, qui font la fête,

Au grand jeu de la mort pétanquent les planètes.

 

 

JCP 02 2017 

5 mars 2017

Daruma

Daruma (Bodhidharma)

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 Daruma brut        Voeu émis           Voeu exaucé

La poupée de Daruma (culbutos de papier mâché de 15 à 60 cm), à laquelle on peint un premier oeil en soumettant un voeu, et le second s'il est exaucé, est une tradition japonaise. Les Darumas "borgnes" sont brûlés symboliquement une fois l'an dans un temple zen consacré.

Le Daruma japonais est le même personnage légendaire que Bodhidharma, celui qui répandit le Zen (Ch'an) depuis l'Inde vers la Chine au sixième siècle.

17 février 2017

0781 Avis de néant

 

Avis de néant

 

Au bord du miroir vide, rien ne paraît encore,

Mais le poids du désir d'une nouvelle aurore

Éveille les contours du spectre de l'ennui,

Où va sombrer le jour aux gouffres de la nuit.

 

Dans la paix qui combat aux guerres sans victoire,

Le malaise a grandi, qui nous pousse à tout croire :

L'esprit court la tempête, et sous de vains efforts

Ne voit plus de refuge - les horizons sont morts.

 

Alors comme un aimant réunissant ses pôles,

Au fond du grand miroir se fondent tous les rôles ;

On voit sous des éclairs des étoiles périr,

Et l'homme qui se mire voit son reflet mourir. 

 

 

JCP 26-28 12 2016,  01-02 2017

20 janvier 2017

778 Le souffle retenu

 

Le souffle retenu

 

 

A la porte du vent, un implacable rite

Retient le voyageur sous l'arbre qui s'agite.

Il sait que ce plafond ne lui survivra pas :

Le regard du silence a profané ses pas.

 

Sous le règne évincé des dynasties trop brèves,

Des bouleversements ont dispersé le rêve :

Sur la route élargie vers les clameurs du soir

Il n'est de pierre plate où l'on pourrait s'asseoir.

 

Quelque chose a roulé sur ces rumeurs de fête,

Et la foule éphémère de ces mondes hurlants

Jamais ne ralentit le cours de la comète,

Car nul n'a su frapper à la porte du vent.

 

 

JCP  25 12 16

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