Rêve d'enfer (1233)
Rêve d’enfer
La lumière s’effondre, et l’air s’est épaissi
À modeler un siège où l’on attend son tour,
Pour dire des désirs qui nous sont inconnus,
Où se craint l’hérésie et son châtiment lourd.
Des visages sans corps nous semblent déjà vus,
Mais leurs noms oubliés ne nous reviennent pas ;
Et le gong qui résonne a fait lever ces têtes,
Dont se portent les yeux vers la porte sans mur.
Une volonté lourde impose le silence,
Et la rumeur lointaine indique une présence
Que l’on sent approcher sans qu’on la puisse voir,
Dans ce domaine où court l’onde spirituelle.
La porte s’est ouverte, et l’abîme sans fond
Qui paraît à son seuil avale tous ces êtres
Privés de leur conscience et privés de leur corps.
Un souffle froid s’exhale et la porte se ferme.
Il faut passer la porte et cette seule issue,
Imposée peu à peu, nous jette dans le vide
Du cosmos silencieux. Et commence la chute -
Qui ne s’achèvera qu’au sonner du réveil.
JCP 08/2020