Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Chanson Grise
27 février 2020

Les flèches du temps (1105)

 

illustrati450nt-fuji copie

 

 

 

Les flèches du temps

 

Longtemps nous avons craint la rupture du temps

Que ne soutenaient plus ses vieux piliers plaintifs.

 

Dès lors que les forêts, que le vent courbe et lisse

Et peigne de ses mains, brûlées du feu du ciel,

Ne furent plus qu’amas d’ossements et de cendres,

Se fit entendre ainsi la voix des anciens sages :

 

« - Jamais dans sa portée le javelot lancé

N’outrepassa la flèche. Aux armes de nos pères,

Courageux entre tous, il n’est d’autre recours ! »

 

« - Les flèches ennemies frappèrent la beauté,

À l’horizon saigna l’arc-en-ciel moribond ;

L’agonie des couleurs se glissa noire et blanche

Jusqu’au fond de nos cœurs - et fit pleurer les anges. »

 

Oraisons de guerriers, commandements de prêtres

Aux peuples acculés valent plus que sang neuf ;

Les armes déterrées ont effrayé nos mères ;

Mais du temps reconquis nos larmes ont séché.

 

Il n’est plus aujourd’hui que pousses de bois vert,

Ultime témoignage aux limites des neiges.

 

 

JCP 12/2019

Publicité
Publicité
26 février 2020

Labeur céleste (1168)

 

voyage-aux-450s copie

                                                                                                                                                                              Image : X

 

                     Labeur céleste

 

                          

                           Il poussait laborieux et d’un essieu grinçant

                           Sa brouette remplie de brûlantes étoiles,

                           Et sous sa roue naissaient des comètes dorées,

                           Spectacle qui jadis le ravissait aux larmes.

 

                           - Tout cela vient d’Orion, fit l’Éboueur du ciel

                           Aux Anges cramoisis sous les nuées ardentes.

                           Et ceux-ci tout joyeux, d’une pelle cosmique,

                           Les jetaient en pâture au Trou Noir satisfait.

 

 

 

JCP 02/2020

25 février 2020

Citation : Christian Bobin

Écrivain et poète français né le 24 avril 1951 au Creusot, où il demeure.

624 c400opie

 

_0001 copie

Introduction à "L'homme-joie"

 

 

sépar 75 k copie

 

C'est grâce à la télévision, temple formidable de l'inculture, qu'il me fut donné  de décrouvrir Christian Bobin.

 

Et je n'en dirai rien :

les livres se découvrent

au parler du silence.

 

 sépar 75 k copie

 

 

 

                               Concernant cet auteur, une mise en garde s'impose cependant : certains de ses textes sont notablement imprégnés de christianisme, ce qui peut se montrer rerettable, voire prohibitif pour les non-croyants. Cependant, l'effort d'ignorer ces passages peut être largement récompensé par l'heureuse découverte de véritables perles littéraires, et d'une poésie unique.

 

JCP

22 février 2020

Inséparables (1177)

 

IM 450604 copie

 

 

                                Inséparables

 

                                         Libéré de son ombre

                                         Qu’il ne voit déjà plus,

                                         Il croit qu’il peut la fuir

                                         Mais la retrouve au sol,

                                         L’oiseau qui s’envolait.

 

 

JCP, au Wallace place St Georges 20/02/20

17 février 2020

Citation : Friedrich Nietzsche

 

Nietzsche300187c copie

 

 Friedrich Nietzsche, philologue, philosophe, poète, pianiste et compositeur allemand, né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach.

 

sépar 75 k copie

 

" La connaissance est pour l'humanité un magnifique moyen de s'anéantir elle-même."

sépar 75 k copie

 

Publicité
Publicité
16 février 2020

Débris de rêve (Quatrains, 1167)

 

cosmoset-un450ivers

 

 

                           Débris de rêve

 

                                   Aux confins du cosmos, le rond-point des étoiles

                                   S’engorge lentement, encombré des débris

                                   Du rêve des humains. Car à ces lieux lointains

                                   De tout être vivant, la pensée seule accède.

 

 

JCP 02/2020

15 février 2020

Au Père Léon* (1089)

 

Pere-Leon-4502 copie

                                                                                             Image : X

 

 

Au Père Léon*

 

Messagers du temps au noir regard que la poussière voile,

des siècles prisonniers observent, silencieux,

chaque jour qui se meurt et s’ajoute à leur âge.

 

Éclos du sillage empourpré des veinules de pierre,

de hauts champignons de lumière couvrent, de leur blancheur sage,

la litanie du faire aux tables parées.

 

Des vapeurs sonores, animant de reflets la longue voie de marbre,

répandent dans les airs l’arôme des bonheurs paisibles ;

pétrissant son journal, le vieil homme sourit.

 

L’éternelle continuité, qui toujours s’écoule au dehors,

perce de toutes parts le vaste écran des murs de verre,

où la vie se répète et ne meurt pas.

 

La brise aux effluves de rue laisse entrer de nouveaux captifs,

conserve du dehors un œil sur eux puis,

soumise à leur vouloir, les libère débonnaire.

 

Et la porte de verre s’ouvre et se referme

entre deux longues bouffées de silence.

 

 

 

* Grande brasserie toulousaine de la place Esquirol :

http://chansongrise.canalblog.com/archives/00_toulouse___la_tournee_des_bistrots/index.html

 

 

 

JCP 12/2019 - 02/2020 écrit en grande partie sur place.

14 février 2020

Printemps (Quatrains, 1171)

 

dessin-f450-6 copie

 

 

                           Printemps

 

                                  Sous les grands arbres nus

                                  Que la lumière inonde,

                                  Au printemps toute fleur

                                  De couleur se souvient.

 

 

JCP 13/02/2020 au Père Léon

11 février 2020

La Fenêtre des âmes (1169)

 

WIN 450 copie

 

 

                        La Fenêtre des âmes

 

                               Débordant de savoir,

                               Le grand vaisseau des âmes

                               Approchait de Syrius.

 

                               Enfin libres du temps,

                               Et dans l’oubli du corps

                               Comme de tout avoir,

                               Elles goûtaient l’extase

                               Au grand bain des étoiles,

 

                               Lorsqu’une voix rageuse

                               Brisa la paix des cieux :

                                - Toutes en rangs de huit :

                                Formation en octets !

 

                                Et brandi par des anges,

                                Parut un grand bandeau

                                Où se lisaient ces mots :

 

                                « Bienvenue chez Windows ».

 

 

 

JCP 02/2020

11 février 2020

L'agonie du Temps (0994)

 

Dali-oire-1931 co450pie

 

 

 

L’agonie du temps

 

Navigateur jamais lassé

qui se riait des tempêtes toutes voiles crevées,

le Temps, qui ralentit sa course,

est venu s’abriter au pied de la falaise.

 

Tremblant comme un oiseau blessé,

lui qui se crut immortel connaît la peur du trépas :

- s’il allait voir sa fin sur cette grève où la mer se retire ?

 

Des malaimés il connaît tout suffrage,

et les peuples courroucés qui l’ont chassé là

n’auront de répit qu’il ne s’éteigne.

De tous traits reçus, son flanc voit s’écouler

le flot d’une durée qui lentement s’étiole,

et connaît sa fin.

 

Alors, dans le tremblement des airs,

le Temps perd sa substance ultime

et meurt sans pousser un cri.

 

De grands oiseaux blancs infléchissent leur course

et saluent le défunt dont ne reste,

sur les galets humides,

qu’un amas confus de chiffres et d’aiguilles

que, déjà, la marée emmène.

 

 

 

JCP 04/2019 – 02/2020

10 février 2020

Page ("Quatrains", 1157)

 

Erlkönig 450copie

 

 

                                       Page

 

                                       Rivière aux eaux noires des mots,

                                       Lente coulée vers l’horizon

                                       Que la phrase dénoue sans cesse

                                       À l’écume blanche des pages.

 

 

JCP 02/2020

 

Conception chinoise du quatrain

"La rhétorique chinoise conçoit le quatrain comme une dramaturgie à quatre temps : le premier vers qui est l'exorde, le deuxième vers qui est le développement, le 3ème vers qui doit marquer un tournant ascendant et le quatrième vers qui doit aboutir à une perspective ouverte".

(François Cheng)

 

10 février 2020

Citation : Paul Éluard

 

1-eluar452500d copie

 

 

"Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé."

Recueil de poésie "Donner à voir."

 

 

10 février 2020

Afflux de beauté (1166)

 

rent450te copie

 

 

Afflux de beauté

 

Quelle indicible houle

Née de vents mystérieux

Sur son corps son visage

Inondés de beauté :

Est-ce brise d’amour ?

 

 

JCP 07/02/2020 À la terrasse du Grand Café Florida, Toulouse

9 février 2020

Cuisine innovante (quatrains,1165)

 

lacrymogène450 copie

 

 

                   Cuisine innovante : qu’en est-il de la pâtisserie ?

 

                         Centre-ville en terrasse.

                         La gaufre chantilly

                         Saveur lacrymogène :

                         Spécialité de France.

 

 

 

JCP 07/02/2020, au Grand Café Florida devant une gaufre-chantilly un samedi de manif (Toulouse)

8 février 2020

Fidélité (Quatrains, 1162)

 

IMG_0149 cop680ie copie

                                                                                                                                                                 Côte ouest Oléron (image JCP)

 

 

                                        Fidélité

 

                                    ......................................

 

                                                                    → Fidèle et attirante. →

                                                   ← Jamais prise en défaut. ←

                                                               → Toujours elle revient. →

                                                   ← La vague sur le sable. ←

 
 

                                                                    → Fidèle et attirante. →

                                                   ← Jamais prise en défaut. ←

                                                               → Toujours elle revient. →

                                                   ← La vague sur le sable. ←

 

 

                                                                    → Fidèle et attirante. →

                                                   ← Jamais prise en défaut. ←

                                                               → Toujours elle revient. →

                                                   ← La vague sur le sable. ←

                                                                                                                            

                                    .....................................

 

 

JCP 02/2020 Au "Père Léon", brasserie toulousaine

3 février 2020

La taupe et le hérisson (1135)

 

Taupe500 copie

 

 

La Taupe et le Hérisson

 

Une taupe sans peur, aventurière née,

Voulut voir les splendeurs du monde merveilleux

Qu’on lui avait vanté. Bâton et sac à dos,

La voici d’un bon train

Courant par les chemins.

 

- Je ne vois rien encore, il faut aller plus loin

Se dit-elle essoufflée, la beauté se mérite…

Et ce fut épuisée que son petit museau

Heurta les aiguillons

D’un jeune hérisson.

 

- Êtes-vous folle enfin, fit la bête aux piquants

De vous aventurer au monde des voyants,

Vous qui n’avez de vue plus loin que votre nez !

Retournez au logis ;

Je vous y reconduis.

 

Aveugle randonnée pour l’animal fourré,

Hérisson ramena Taupe à sa taupinière,

Et celle-ci jura, par les dieux de la terre,

Que jamais plus jamais

On ne l’y reprendrait.

 

Suffit que se démène

Chacun en son domaine.

 

 

 

JCP 01/2020 Pour Alain R.

2 février 2020

Mirage (1130)

14165306 c450opie

 

 

Mirage

 

Ayant un pied dans l’eau et l’autre sur le sable,

j’hésitais un moment à retrouver ma vie,

quand je vis approcher une maison de bois,

flottant telle un bateau sur la mer agitée.

 

Ni voile ni moteur ne semblaient la mouvoir,

et nul flot refoulé ne précédait sa route,

comme ne la suivait de sillage mousseux.

J’ôtai mon pied de l’eau d’un début de frayeur.

 

La maison sans jardin n’était d’aucune rue,

nulle part signalée, adresse ou numéro,

outre-mer outre-bleu, aqueuses fondations.

Une femme rêvait accoudée au balcon.

 

Sur la mer soudain grise,

de grands vents se levèrent,

emmenant avec eux

le prodige d’un jour.

 

La femme à son balcon

agitait un mouchoir.

 

 

 

 

01/2020 Au Père Léon, brasserie toulousaine 16/01

 

Publicité
Publicité
Newsletter
Publicité
Archives
Publicité