La Porte du vent
La Porte du vent
Impassible voyageur du rêve, il voulut savoir le vent. Voir quelle béance inouïe donne le jour à cet enfant de la couche éphémère qu’en toute saison la froidure, lasse de ses hivers, ouvre à la chaleur des étés.
Imprévisible nourrisson de croissance prodigieuse, adulte en un éclair ou vieillard sénile à la pyramide des heures écroulée, il le voulut pétrir de ses membres frêles, il désira le voir de ses yeux aveuglés.
Il le vit à l’aile de l’oiseau, le vit à la feuille, le vit à la ride des eaux, crut saisir à la voile sa forme impénétrable, remonta son flot des journées entières ; il connut son reflux auprès du flanc des monts, son silence au plus profond des forêts, son hurlement aux cols et aux cimes, il le vit abattre des arbres, écrouler des villes entières et sombrer des navires ;
il crut enfin mourir dans le désert profond sous l’aiguillon des sables,
Mais il ne put trouver la Porte du vent.
Jyssépé 08-09 2019