La saveur du rien (1000)

DU CÔTÉ DU ZEN

 

Si certains ont vanté les plaisirs minuscules

Et loué d’un demi jusqu’à la mince bulle,

Ou bien dans la poussière échappée du balai

Vu sans porter gilet la chute du Palais,

J’ai découvert pour vous, n’en déplaise au poète,

Ce qu’est le vrai bonheur sans décor ni paillettes :

Sur la toile de fond d’un silence parfait,

Délaissez tous les bruits soient-ils beaux soient-ils laids.

Sentez-vous respirer. Et posé sur coussin

Ne bougez plus les pieds ne bougez plus les mains.

Au penser non-pensé d’un attentif rien-faire,

Vous le verrez passer, petit grain de lumière :

L’atome de plaisir où perce le bonheur

Soudainement grandi adoucit le malheur,

Et le sourire doux qui fleurit à la lèvre

Vaut bien tous les bijoux faits des meilleurs orfèvres.

Et de ce premier pas sur le chemin sans pas,

Peut-être au fond de vous quelque chose naîtra.

JCP 03 2019 Pour Les Impromptus Littéraires : D’après « Les Plaisirs minuscules » de Philippe Delerm.

Comments

[youkka]

Le rien faire ne peut s'apprécier à mon avis qu'à partir ou en a fait beaucoup avant sans pouvoir souffler (rythme de vie d'un actif ACTIF)

Autrement dit, le rien faire se mérite.

[micji]

J'apprécie énormément Philippe Delerm et" l'odeur des pommes" dont j'ai réalisé une vidéo.....une odeur, un soupir zéphir, l'aile de l'oiseau qui frole la joue,....des riens qui sont a eux seuls un monde entier.....amicalement.

[youkka]

Au moins, la saveur du rien parait accessible, encore faut-il savoir maitriser ses ardeurs et s'extasier devant le petit bruit qui va interrompre le silence du temps.

Hier j'ai fini de planter un rosier tige, un jour et demi de travail attentionné pour espérer l'an prochain la récompenses de belles roses. Pour certains, une heure aurait suffi, mais quel plaisir de bichonner le moindre cm3 de terre en dégustant à l'avance le futur parfum que je pourrai humer sur ma chaise longue dans quelques mois.

[Well]

Ah oui, j'allais oublier : belle Alexandrinade.



J'aime l'hiver pour ça. Pas ou peu de hurlements de tronçonneuses, de machines qui vomissent les décibels. On peut écouter, dans le jardin, le temps qui passe, même si le climat est maussade, mais surtout dans la sérénité du vrai bruit : celui du vent et de la pluie. Du silence. Ouf ! on a encore de beaux mauvais jours devant nous avant l'hystérie des barbecues.



Je vais prochainement publier un billet qui va reprendre cet aphorisme très cartésien, et le bousculer à ma façon.

Comme toujours.

[Well]

Le rien-faire comme art de vivre

et le Fare Niente comme rêverie et oisiveté.



Live and Let Die dirait James Bond