451 Dictatorat
Dictatorat
Seigneur du vaste égout dans sa livrée coquette,
Un rat de poil brillant et de mine replète
Arpentait ses couloirs, et d’un air suffisant
Reniflait les effluves de ces flots odorants.
- Me voici parvenu au faîte de ma gloire,
Se disait-il radieux ; le manger et le boire
Servis à satiété par des sujets soumis,
Et ma couche habitée de gentilles amies.
Bienheureux comme moi, sans mentir il n’est guère :
J’ai bien fait c’est certain de mener cette guerre.
Car malgré la souffrance et la dévastation,
Mon peuple je le crois, est en admiration
Devant le personnage auguste et vénérable,
Qui mérite en effet ce sort des plus enviables.
- Le sang versé s’oublie, demeure le pouvoir.
Mon peuple policé reste sous l’étouffoir,
Et devra pour toujours veiller à mon bien-être,
Acclamant mes discours courbé sous ma fenêtre.
Mais porté par les eaux, un murmure lointain
Que grandissaient les murs parvint à son oreille...
- C’est aujourd’hui ma fête, se dit le souverain :
Mon peuple réuni, d’une humeur sans pareille,
N’attend que mon retour pour les grandes agapes,
Et il pressa le pas plus heureux que le Pape,
Riant de ses sujets, qu’il se félicitait
D’avoir comme baudets assujettis à souhait.
Mais la rumeur pourtant, qui grandissait sans cesse
En clameur menaçante, n'avait rien de joyeux ;
Sans affoler pourtant ce Sire prétentieux,
Qui restait convaincu d’un élan de liesse.
Il n’eut le temps de fuir qu’il était piétiné,
Roué de coups percé et mille fois tué.
Grand nombre de despotes souvent ainsi finissent,
Croyant de leur pouvoir toujours boire au calice.
27 07 11 - revu 03 2016
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