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La Chanson Grise
1 janvier 2014

Les Vénusiennes

 250o-laposte-5 copie

 

Jean-Claude Paillous

 

Les Vénusiennes

 

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À Christine.

1

                                        D'un naturel posé, calme et plutôt rangé, la quarantaine bientôt, Édouard vivait seul, depuis sa séparation, dans ce bel appartement du centre-ville. Les débuts avaient été difficiles puis, accoutumé à la situation, il s’était construit une forme de félicité somme toute enviable.

Sa journée de labeur au "Crédit Universel" s’ouvrait d'un rituel immuable : café-croissant au Floréal, achat du journal chez Léon, qu'il ouvrait dans le métro, où une place assise l'attendait le plus souvent.

Ce matin-là, un fait divers l'attira particulièrement en dernière page, où l'on relatait un viol collectif peu commun :

Cinq femmes au foyer, ménagères respectables que rien ne prédisposait à paraître en ces lignes, en étaient les protagonistes. A l'issue d'un visionnage télévisé des "Brasiers de l'Amour", qu’elles commentaient enthousiastes, ces dernières avaient ressenti monter en elles des pulsions d'une force prodigieuse - « jamais rapportée » selon les termes du rédacteur.

Et ce fut alors qu’André, le nouveau facteur, homme jeune, affable et sans histoire, sonna tout en sifflotant à la porte des ménagères réunies.

 

 

2

                             Édouard ne put achever sa lecture, une jeune femme, avenante et gracieuse, prenait place à côté de lui, remplaçant le vieux monsieur à chapeau qui descendait, et se serrait contre lui sans nécessité apparente. Édouard se colla à la paroi de métal du wagon, laissant une dizaine de centimètres de bienséance entre elle et lui, distance qu'elle annihila sans tarder, pour se coller à lui derechef.

Interloqué, il fut à la rencontre de son regard : celle-ci lui souriait. Il rendait ce sourire lorsqu'il sentit une main se poser sur sa cuisse :

- J'adore les hommes aux jambes musclées comme vous fit-elle, poursuivant son geste de caresses sans équivoque.

- Merci beaucoup, mais savez-vous, nous ne sommes pas seuls, et...

- Acceptez de poser nu pour moi, je peins voyez-vous, et je suis certaine que vous seriez un excellent sujet - en tout bien tout honneur - susurra-t-elle à son oreille, sa main libre investissant déjà la poitrine d'Édouard à travers le tissu fin de sa chemise. D'une constitution où l'on avait omis le marbre, une onde comme il n'en avait connu depuis longtemps le parcourut.

Tournée vers lui, celle-ci affichait un sourire des plus irrésistibles. Reprenant ses esprits et trouvant à tout prendre l’aventure à son goût, il s'enhardit :

- Et si j'acceptais ?

- Vous descendriez avec moi à la prochaine station.

Elle reprit sa main dans un lent glissement, qui laissa Édouard souffle coupé.

- C'est que... je me rendais au travail, et...

- Des millions de personnes sur terre se rendent au travail ce matin, croyez-vous que toutes y parviendront vraiment... et je n'ai besoin de vous que pour une à deux heures à peine : je vous vois plutôt croqué à la sanguine voyez-vous.

Édouard, vaincu par les paroles et par le charme de l’inconnue ne sut refuser l'offre, curieux même de se voir ainsi croqué.

Armé d'excellents mensonges, il rejoignit son poste à la banque peu avant midi, la mine défaite et mal recoiffé, sans conséquences plus fâcheuses qu'un "- La prochaine fois, avertissez donc...". Il put même entendre, entre deux portes, un " Qu'ont-ils donc ce matin, avez-vous vus Mr. Legendre, et Philippe ? - Non Monsieur, je ne crois pas qu'ils soient encore arrivés...".

La jeune femme du métro ne peignait pas, et n’avait pas non plus le moindre bâton de sanguine…

 

 

3

 

                                     Cependant, si Édouard avait pu poursuivre la lecture de son journal, et connu la mésaventure du facteur dans son entier, il eut été plus circonspect face aux avances délibérées de certaines femmes, car voici ce qui advint :

Le préposé aux Postes, livrant un colis de vêtements chauds, nécessitait une simple signature - on lui donna bien plus.

Étant peu dans la nature de l'homme d'opposer le refus, André comprit la demande, mais n'eut le temps de déposer son sac de cuir qu'il se retrouva dans le plus simple appareil sans préambule, chemise déchirée, jeté au tapis et couvert des cinq furies dans un ordre qu'il n'eut pas loisir de choisir.

Bien qu'aucune statistique connue ne dénombre la chose, l'homme le plus vigoureux devant la femme de ses rêves est certes capable de prouesses élevées ; cependant le susdit "rêve" n'était pas présent sur les cinq personnes - d’autant que ce type de rêve se montre en général des plus subjectifs.

Aussi vit-on l'infortuné préposé fléchir sous l'imposante tâche, qu'il abordait à certains endroits d'un plaisir inégal : il ne put satisfaire les deux dernières, que déjà les premières s'impatientaient de la récidive. La nature de l'homme, haute en discours dans ce registre, l'est parfois moins en situation.

Que croyez-vous alors qu'il arrivât : elles rossèrent le pauvre homme, ce qui, on s'en doute, précipita leur insatisfaction. Son abandon lascif envolé sous les coups, celui-ci employa sa vigueur retrouvée à en distribuer de son propre chef et, préservant comme il put son épiderme des griffes enragées, il put s'échapper, honteux et nu sur son scooter jaune, sans sacoche ni casquette - les furies n'ayant osé la poursuite jusqu'au trottoir.

Celui-ci, pieds nus et seulement vêtu de la pèlerine de pluie extraite du coffre du scooter, se présenta piteux devant son supérieur, hilare à son récit. L'œil menaçant d'André eut raison de cette belle humeur, lorsqu'il lui déclara s'opposer tout net à un retour sur les lieux du crime pour récupérer la sacoche.

- Allez-y donc vous-même ! s'écria-t-il en ouvrant, tel le satyre au parc, sa pèlerine sans pudeur, montrant son corps nu plus labouré de griffures que la piste verte des skieurs débutants.

L'homme se leva, observa compatissant, eut un temps de réflexion, puis :

- Dans ces conditions, je vous présente mes excuses ; mieux vaut faire appel à la police : où va-t-on !

Il fallut soigner et panser André.

 

 

4

Le commissaire, petit homme gras au cheveu rare, le geste maniéré des fins de carrière les reçut, étonnamment, sans tarder.

- Asseyez-vous messieurs, lequel d'entre vous est le plaignant ?

- Moi-même, fit André.

Celui-ci signala ses blessures, mentionna la sacoche abandonnée, conta la scène de son mieux, passant sur les détails scabreux dont il vit bien que les deux autres eussent été friands. Le cœur n'y était pas.

- Vous êtes le sixième de la journée à venir déposer une plainte de cet ordre, certains même n'ont pu se déplacer, suite à des blessures plus sévères que les vôtres.

- Facteurs ? demanda André.

- Il y en a, fit le commissaire en approchant un papier griffonné, qu'il parcourut ; facteurs oui, représentants, démarcheurs divers, éboueurs, témoins de Jéovah, cambrioleurs même, tenez, fit-il, frappant la liste de la pointe d'un coupe-papier qu'il tenait comme une arme, tout en poursuivant :

- J'ai là trois côtes cassées, une oreille tranchée - mordue probablement - un tibia fracturé, et pour celui-ci, tiens, cheveux arrachés et fracture du crâne - il s'agit du cambrioleur, donc - serions-nous menacés de chômage dans un avenir proche si l'on devait dissuader la cambriole ? fit-il entre ses dents.

- Toujours le même scénario poursuivit-il, ces personnes, comme vous, ont simplement frappé à une porte derrière laquelle se tenaient des femmes prêtes, en nombre imposant parfois. La préméditation ne fait pas de doute : vous étiez, vous comme les autres, attendu.

Cependant, fit-il en approchant son buste des deux postiers et baissant le ton de sa voix, cependant... je suis contraint de vous dire qu'au terme de trente ans de carrière je n'ai eu connaissance de cas semblables ; accoutumés au viol de la femme, nous sommes désarmés... d'autant que nos collègues bordelais ont constaté, eux dès la semaine passée, le même phénomène dans leur ville. Nous ne savons rien encore du comportement des femmes rurales.

Or, poursuivit-il frappant le volumineux code pénal posé sur son bureau du même coupe-papier, il n’y a là aucune loi concernant le viol d’un homme perpétré par la femme, y compris en association.

- En effet... oui…, fit Lucien, le supérieur d'André médusé, qui semblait mener un combat interne visant à assimiler point par point l'étrange exposé.

La déposition imprimée et signée, les deux postiers se retirèrent.

 

 

5

Le mal se répandit hélas à la vitesse du choléra ; partout sur la planète des groupes de femmes, organisées, jetaient leur dévolu sur tout ce qui comptait deux jambes masculines, musclées ou non ; et l'on vit même un groupe de malvoyantes australiennes porter leurs assiduités vers des autruches.

L'heure était grave.

Une rencontre des chefs d'état de la planète put avoir lieu à Sydney, où l'on résolut de faire appel aux autorités des grandes religions monothéistes, attendu leur commune réprobation de toute sexualité autre qu’expéditive et vouée à la reproduction. On les laissa pérorer, on admit la relation de sexe à péché ; espérant des résultats, on leur confia les pleins pouvoirs.

Couverts par les médias, des prêches remarquables furent prononcés, inopérants hélas en situation : les prélats furent violés dans les églises même, quelle que soit la couleur de leur robe (l'attribut vestimentaire semblait même attiser le désir féminin), ceci avec une violence jamais connue. Certains virent à ces actes l’expression d’un juste châtiment divin envers un ministère perverti.

Des hordes de religieuses, cornette envolée, couraient les campagnes, capturant chasseurs, bergers, travailleurs aux champs, enfermés au fond des cryptes pour des sévices prolongés. Un bataillon de chasseurs alpins en manœuvres, aperçu pour la dernière fois non loin d'un couvent de Bénédictines, fut porté disparu - corps et biens. Des Carmélites dirent comprendre ce retour de frustration, avant d'opérer des sévices semblables sur des randonneurs égarés.

Le Pape en personne échappa de justesse au châtiment place St Pierre à Rome, arraché du Saint Balcon par le lasso d'un groupe de Texanes. On construisit un bunker dans lequel, bien que préservé, le Saint Père déclara s'ennuyer notablement... Il ne fut pas écouté, on ferma ses portes à toute infiltration du péché.

On vit des pharmacies éventrées, et vidées des pilules stimulantes dont ces possédées gavaient leurs victimes - sans même leur tendre un verre d'eau.

 

 

6

Cependant, si partout l'on tâchait au mieux d'endiguer le mal, nul ne s'était encore sérieusement penché sur ses causes profondes, tant elles paraissaient impénétrables. Sexologues et psychologues avaient émis les hypothèses les mieux pensées ; hélas, aucune ne tenait.

En désespoir de cause, un grand constructeur américain avait même proposé une ceinture de protection pour homme, alliant le titane au composite. Les sex-symbols du septième art, éminemment menacés, s'en équipèrent, mais il fallut reconnaître leur contrainte d'usage, d'autant que l'on rapporta certains accidents fâcheux, exemptant à jamais les porteurs malchanceux de l'appareillage.

C'est alors que l'éminent professeur et astrophysicien Hubert Lesélène, guidé par le seul hasard, fit une découverte marquante. On n'observait plus guère le système solaire dont on croyait, définitivement, tout connaître, lui préférant les horizons lointains des bordures galactiques, tellement plus  prometteurs.

Or, un soir de veille au grand observatoire, où le savant - une fois n'est pas coutume - s'était roulé une cigarette épaisse de ces herbes si douces qui, dit-on, confèrent l'ultra-vision, celui-ci, le geste incertain, se croyant réglé sur la nébuleuse du "Coupeur de Bambous" récemment découverte par son homologue et confrère chinois, et l'étant à son insu sur la lune, perçut une disposition inhabituelle de ses cratères. Cet objet céleste, trop proche et trop connu pour qu'on s'y intéressât, n'était plus observé depuis des lustres - qui s'y risquait prêtait à moquerie. Aussi, l'homme n'en dit rien, mais réitéra dès le lendemain l'observation des "astronomes demeurés" : il en fut sidéré.

Il se retira dans son bureau, incrédule, le visage entre ses mains nerveuses, devant l’écran de son ordinateur. Là, il dut bien reconnaître - la chose était aisée - que la face visible de la lune ne pouvait être que son ancienne face cachée !

Il appela, on vint, on confirma l'incroyable - on ne rit pas de lui.

Après avoir observé l’invraisemblable pivotement lunaire, tous les télescopes en usage sur terre furent dirigés vers les planètes du système solaire, à la recherche, qui sait, d'autres nouveautés marquantes.

Il y en eut.

La plupart des planètes avaient subi des rotations, peu significatives cependant ; mais  plus préoccupante était l'apparition d'anneaux concentriques et de surface conique, plus vastes encore que ceux de Saturne, rosâtres, irréguliers et curieusement fendus, sur Vénus. Leur forme en jupe, peu commune, fit dire à Hubert Lesélène "Vénus en tutu !". Le bon mot - facétie de savant - fit le tour des observatoires.

On ne savait que penser : était-ce là les prémices de la fin des temps ? Allait-on voir, conjointement à l’évolution des astres, paraître ainsi d'autres dérèglements de l'espèce humaine, avant sa disparition définitive dans le grand crash du système solaire, fusionné lui-même à quelque étoile géante, ou avalé d’un trait par un trou noir ?

 

Les chefs d'état exigèrent des savants le secret absolu quant à leurs découvertes - la fin du monde ratée de 2012 était encore vive dans les mémoires.

Ce fut en vain : en sus des investigations soutenues des plus habiles journalistes, la moindre lunette de bazar suffisait à se faire une idée précise de la situation ; et pour la lune, de simples jumelles ou de bons yeux suffisaient.

La panique fut considérable, les perspectives d'une guerre civile jamais vue, celle des sexes, faisait, lentement, son chemin dans les esprits. La vie de couple était dès lors rendue au rang de défi, les drames de la jalousie étaient légion, et nul ne brandissait plus son arbre généalogique tant il présentait d’incertitudes.

On nomma Vénusiennes ces femmes-là.

Il n'y eut bientôt plus que des Vénusiennes.

Et, chez elles, on ne comptait plus les victimes de ces appétits incoercibles, inextinguibles même chez les sujets les plus âgés ; certaines, pitoyables, brisaient à la tâche un squelette déjà atteint d'une légitime ostéoporose. Le mot "libido", dont l'acception n'avait pas varié chez l'homme, devint vide de sens pour la Vénusienne, tant il se maintenait en position haute, de la puberté jusqu'à la tombe.

On ne pouvait persister ainsi, mais on était désarmés et l’on manquait d'idées.

 

 

7

C’est ainsi qu’Édouard se trouva heureux d'avoir échappé au viol par un consentement débonnaire (celui-ci était convaincu, disait-il, de l'existence d'un enfer pour ceux qu’il appelait les « refusants » et, par pure générosité, déclarait ne jamais refuser lui-même). Comme tant d'autres, il évitait prudemment la promiscuité féminine, espérant passer le plus longtemps possible à travers les mailles dans une chasteté enviable.

La situation apportait son lot de nouveautés : des promoteurs ambitieux (outrepassant le pléonasme), proposaient déjà des quartiers entiers où les hommes pouvaient vivre en toute quiétude et sécurité, sous l'œil de vigiles armés. Malgré prix d’achat et loyers conséquents, on se bousculait aux portes des agences immobilières, où les listes d'attente atteignaient des sommets.

Bien que rarement enceintes, dans ce désir absolu du mâle, les Vénusiennes n’enfantaient que des garçons. On se perdait, impuissants, en théories hasardeuses, en hypothèses sans fondements réels sur la lune, les planètes, les anneaux fendus de Vénus...

Le corps médical évaluait, laconique, la disparition de la femme fertile de la surface de la terre au terme de cinquante années à peine - et celle de l'homme dans son entier en guère plus d'un siècle, définitivement. La terre allait se vider de l'humanité, seul persisterait le règne animal, l'insecte, le micro-organisme, non atteints par le phénomène. Rares étaient les écologistes osant déclarer que la planète serait enfin à l’abri des nuisances de l’homme : réclamer le hors d’œuvre et mourir étouffé par le dessert…

L'heure était au pessimisme.

 

 

8

Fort heureusement, tout ceci ne trouvait de réalité qu’au fond du rêve d’Édouard, qu'une sensation glaciale à sa joue, en contact avec la vitre du wagon de métro, réveillait. Fatigué ce jour-là, et bercé par les oscillations lentes de la rame, celui-ci s'était endormi dès les premières lignes de l'incroyable fait divers en son journal, que son subconscient libéré par le rêve avait fait sien, et développé d’une fantaisie délirante.

L’improbable guerre des sexes n’aurait pas lieu ; et la fin du monde était, une fois encore, reportée.

Encore tout imprégné de son rêve et par acquit de conscience, il se tourna discrètement vers sa gauche : la jeune femme, celle du rêve, était là, qui le regardait souriante !

- Avez-vous bien dormi ? lui fit-elle, sous un regard bienveillant de mère.

- J'ai dormi, oui,... désolé, où… où est-on,... descendons-nous à la prochaine ? fit-il, se voyant encore poser nu devant les yeux si doux qui le fixaient.

- Bien sûr, nous allons arriver au terminus de Hautejambe.

Adrien avait raté sa station mais, dans cette perspective de rapprochement pictural à laquelle il voulait toujours croire, il n’en dit rien.

- Ah... j'ai dormi longtemps alors.

- Oui, et j'ai même dû vous repousser à plusieurs reprises - vous m'en excuserez - car vous glissiez sur moi dans les virages. J'ai même hérité de votre journal, que je me suis permis de parcourir, vous ne m’en voudrez pas j’espère ; et j'ai bien ri à ce canular du 1er Avril plein d'imagination, que vous lisiez je crois : pauvre facteur tout de même...

Et elle rit de bon cœur devant l'expression béate d'Édouard dont les poumons, amnésiques, négligeaient leur fonction sous les battements d’un cœur emballé. C'en était un peu trop pour une sortie de rêve !

Ce fut le songe qui lui dicta :

- Pour me faire pardonner mon sans-gêne, accepteriez-vous que je vous offre un café au terminus ?

- C’est très aimable mais, peut-être comme vous, je me rends à mon travail, et...

- Des millions de personnes sur terre, comme vous et moi, se rendent au travail ce matin, croyez-vous que toutes y parviendront vraiment ?... Déjà entendue, peut-être au cinéma, cette phrase lui parut bonne.

Elle l'était :

- Vous alors, l'école buissonnière... c'est ça...?

Elle accepta dans un rire contenu.

 

 

9

Face à face dans le bar calme et surchauffé, par-dessus les vapeurs odorantes de leurs cafés, deux ondes invisibles se pénétraient déjà sans pudeur ni retenue, se mêlant l'une à l'autre en caresses fictives - que chacun croyait bien ressentir, dans la toute-puissance d’une volonté commune.

Vibrant à l’unisson, ces ondes-là se nouèrent pour toujours.

Édouard et Laure, aujourd'hui encore, ne peuvent apercevoir de préposé aux Postes sans un sourire ému. Édouard, lui, espère bien, un œil sur le ventre rond de Laure, pouvoir raconter un jour à leurs enfants - devenus grands - l'histoire du malheureux facteur, et celle de la planète Vénus en tutu.

 

 

 FIN

 

35045 copie

 

JCP 22-26/12 2012. 12/2014.  02-03/2019   04/2020

ÉDITIONS RATHÉ

DROITS RÉSERVÉS JCP

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Commentaires
M
Bonjour Jean-Claude,<br /> <br /> Qu'ajouter au commentaire d'Emma? Si ce n'est que j'ai aimé ta nouvelle. On ne s'ennuie pas car elle va sur un rythme d’enfer. J'ai pensé à Brassens et aussi aux dessins de Bellus. Ton histoire est très visuelle. Un régal! :) :)<br /> <br /> Bises
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E
excellent ! rondement mené ce conte "he too" qui convoque brassens et l'astrophysique pour se terminer comme les grands classiques sur l'indéboulonnable acme du bonheur "ils eurent beaucoup d'enfants " et quelle belle écriture ! un grand plaisir de lecture
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