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La Chanson Grise
23 janvier 2021

Aeroscopia (1315)

 

 

 

Aeroscopia

 

La fusée dans le pré ne décollera pas :

C’est celle de Tintin, emblème de ce lieu,

Et parents et enfants ont déserté le parc -

Où certaine tribu qui fume les pelouses

Abandonne l’ordure au parterre de fleurs.

 

Des avions de combat, les ailes arrachées,

Le cockpit étoilé et le ventre dans l’herbe,

Attendent patiemment le monteur bénévole

Qui n’est pas revenu. Tout est barricadé,

Et les herbes sauvages envahissent l’enclos.

 

Les beaux vaisseaux des airs, autrefois admirés

Par un public radieux ne sont plus visités.

Et le grand parking vide, où des papiers s’attardent,

N’est plus qu’un damier gris délimité de blanc,

Où des joueurs fantômes jouent d’invisibles pions.

 

Seuls quelques promeneurs laissent leur chien courir

Parmi les boutons d’or, et tout l’espace semble

S’être donné le mot pour paraître morose,

Et dire qu’autrefois rire et voix résonnaient -

Au musée des avions fermé pour pandémie.

 

 

 

JCP, 01/2021 (Jeudi 21/01)

Aeroscopia vu de l'intérieur :

http://souliervoyageur.canalblog.com/archives/2016/09/18/34337754.html

Aeroscopia vu de l'extérieur :

http://souliervoyageur.canalblog.com/archives/2020/11/27/38674317.html

Site Aeroscopia :

http://www.musee-aeroscopia.fr/

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21 janvier 2021

Justice ! (1301)

 

 

 

Justice !

 

Honte au voleur d’étoiles,

Lâche jamais châtié,

Répugnant profiteur

D’un décompte impossible !

 

 

JCP, 12/2020

15 janvier 2021

À crédit (0886)

 
 

 

 

À crédit

 

Il trotte dans ma tête un fossoyeur sans pelle,

Qui se rit bien de moi sous ses airs trop sérieux.

Car ce berger des morts, qui met autant de zèle

A refermer les tombes, me joue un autre jeu.

 

Sa voix que je pressens n’a pas assez de force,

Pourtant je la devine à travers mon écorce

Lentement fissurée sous les intempéries ;

Mais de grands archipels se montrent pleins de vie !

 

- Fossoyeur de ma joie, tu n’auras pas mon corps :

Malgré ces os vieillis, j’apaiserai ma tête

Pour la vider de toi ! Je te confie ma mort,

Mais la joue à crédit, et non à la roulette !

 

 

Jyssépé  03 04 18

8 janvier 2021

Surmené (Quatrains, 1305)

 

 

 

Surmené

 

- Impossible aujourd’hui, et demain je suis pris…

Les choses s’accumulent, et le temps ce chien fou

Qui ne ralentit pas ! C’est une vraie montagne

Qui m’attend voyez-vous - de rien-faire en retard. 

 

 

JCP, 01/2021

6 janvier 2021

Aurore (1275)

 

 

Aurore

 

Le temps n’est rien, le temps est tout et la mort vient

Par ce même chemin, où passe la lumière

Et se répand la nuit. Aux vergers ruisselants

De cette aube d’hiver, où la dernière feuille

Résiste encore au vent, de longs fils de lumière

Unissent toute branche au soleil du matin,

Alliance du cosmique aux bataillons du ciel,

Que les rayons lointains d’une dernière étoile

Dirigent dans les airs sans froisser le silence.

 

 

 

JCP, 11/2020

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5 janvier 2021

Méditerranée (Quatrains, 1299)

 

 

 

Méditerranée

 

Piquées de tant de mâts,

Les nuées se déchirent,

Et revient le ciel bleu

Sur le port de plaisance.

 

 

JCP, 12/2020

3 janvier 2021

Clartés (1027)

 

 

 

Clartés             

 

                          

                        Âme, dans les langueurs de tes profonds désirs, cesseras-tu de boire à ce vin clair des grèves, vendange de mer aux rangs de vigne bleue piquetés d’écume, grisée de nostalgie dès la première aurore du rêve ?

Que ne laisses-tu au sable soumis des hautes lunaisons la joie de s’enivrer à la coupe sans fond, pour puiser à sa bulle le pétillant bonheur des journées sans frontières ?

Et la tempête d’heures qui ronge ton destin, assise au bord du temps sous la pâle lumière des lointaines étoiles, laisse-la décliner en toi !

                   Âme, c’est ainsi qu’à ta paix reconquise j’accorderai mon cours, et que mes nuits connaîtront des songes moins amers.

 

 

 

 

JCP, 06/2019 – 12/2020

25 décembre 2020

Musique (1223)

 

 

 

Musique

                    

Au concert quelquefois

les belles écouteuses

ont l’oreille voyeuse

 

 

JCP 07/2020

21 décembre 2020

Sur la neige (1289)

 

 

 

Sur la neige

 

Bouton blanc qui manquait

Au vaste manteau blanc,

Le flocon blanc se pose

Et se fond dans le blanc,

Page blanche encre blanche

Où ne se lit que blanc.

 

 

 

11-12/2020

18 décembre 2020

La mort du miroir (1294)

 

 

 

 

La mort du miroir

 

Comme une outre percée d’où couleraient des larmes,

Le miroir s’est vidé de ses anciens reflets,

Et la flamme qui court à son tain fissuré

Dessine un arc-en-ciel de poussières d’images.

 

À sa surface lisse où le noir s’établit

Luit un dernier éclair, révélant les abysses

D’une mémoire morte : le miroir suicidé

Ne reflètera plus ce monde de laideur.

 

 

JCP, 12/2020

16 décembre 2020

Senderos que se bifurcan (1295)

 

 

 

 

Senderos que se bifurcan*

 

                                                        À Jorge Luís Borges

 

Aux lueurs affaiblies d’un passé révolu,

Parfois s’éclaire en nous le sentier qui bifurque -

Et qu’on n’emprunta pas. Et serpente en nôtre âme

La voie d’une autre vie qui mourut avant d’être.

 

Ainsi qu’au coffret clos, dont l’imagination

Voit immense et précieux ce qu’il ne contient pas,

Comme elle eût été belle, emplie de tant de joies,

De bonheur et d’amour, la vie que l’on n’eut pas !

 

Écartées à jamais de notre connaissance,

Qui dira si ces voies ne forment près de nous

- En réseau parallèle à notre destinée -

Des rails immaculés où nous pourrions rouler…

 

 

 

* Sentiers qui bifurquent

D’après le titre original du recueil de nouvelles de Jorge Luís Borges (Argentine, 1899-1983) « Le jardin aux sentiers qui bifurquent ».

Augmenté du recueil « Artifices » et édité sous le titre « Fictions » (Folio, Gallimard).

Grand classique de la littérature sud-américaine, fréquemment étudié en classes de lettres.

 

JCP, 12/2020

14 décembre 2020

Percevoir (Quatrains, 1215)

 

 

Percevoir

                                                    À François Cheng

 
 

Les lèvres se sont tues sans dire la beauté,

Et paraît le néant où jaillit du silence

L’inconscient révélé, creuset des perceptions

Où le beau donne sens aux peines de la vie.

 

 

JCP 07/2020

13 décembre 2020

Cris annonciateurs (1011)

 

 

 

Cris annonciateurs

 

       Au roucoulement aigu qui se perd dans la vallée, chant de métal déchiré d’où s’exhale encore une onde fugitive, se lit l’indice du haut prix de relations perdues, où plane encore la trace d’un remords de faveur.

       Les eaux se précipitent et seul l’arbre juché survit, alors que voient le jour des limons millénaires déversés dans les fleuves.

        Les sommets ont tremblé sous les ouragans de glace et le soleil, qui persiste au cours lent de sa vie, émousse ses rayons aux tranchants de cristal d’un sommeil chimérique.

        Aux vastes champs éblouis se tisse en fils éclatants une prodigieuse lumière, où ne se perçoit plus qu’amas d’étincelles. Et la journée s’achève sur cette impression d’une perpétuelle renaissance où l’œil - vision fugitive ou rêverie singulière - croit percevoir les dissemblables incidents de la vie en marche.

 

 

 

JCP 03/2019 – 10/2020

13 décembre 2020

Grain de vie (Quatrains, 1286)

 

 

Grain de vie

 

 

                                                          Aux arbres

 

Les petits pieds de l’eau ont quitté le ruisseau,

Et d’un orteil agile ont soulevé la graine,

Qu’ils emportent rieurs sur le flot qui voyage,

Perpétuant la forêt vers un lointain ailleurs.

 

 

 

11/2020

12 décembre 2020

Le grand peintre (Quatrains, 1290)

 

 

 

Le grand peintre

 

Le vent plein de malice a poussé les pions blancs

Sur l’échiquier du ciel, ternissant les couleurs

Que peignait le soleil. Mais tout nuage passe,

Et le soleil patient reprendra son tableau.

 

 

 

11/2020

11 décembre 2020

L'enfant-chat (1291)

 

 

 

L’enfant-chat

 

Il goûte à la sève des herbes,

Ausculte les insectes,

Étudie le vol des oiseaux

Et perce le mystère des pluies,

Galope avec le vent,

Lacère et tue la feuille déjà morte,

Escalade les arbres

Et fait chuter les fruits,

Épointe le lézard,

Martyrise le campagnol

Et fuit le crapaud,

Secoue avec horreur

La patte souillée d’eau !

 

- L’enfant-chat.

 

 

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"Cachou", 7 mois

 JCP, 12/2020

10 décembre 2020

Aux "Pêcheurs de Sable" (1070)

 

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                                                                                    Buvette-restaurant-guinguette saisonnière du port de la Daurade, Toulouse

 

Aux « Pêcheurs de Sable »

                               À quatre sympathiques inconnues

 

Tranquillement assis tout en bout de travée,

Cahier crayon en main et d’humeur concentrée,

Il composait des vers, ce jour-là fort mauvais.

- À ce jeu mal aimé personne n’est parfait.

 

Perdu dans la pensée, il sent soudain vibrer

Le sol autour de lui, banc et table bouger :

Paraissaient quatre femmes, et le plus délectable

Fut qu’elles le priaient de partager sa table.

 

La surprise passée, il se montra courtois,

Pour elles se levant du petit banc de bois.

De l’âge un peu lassé jusqu’au joyeux délire,

Sur les quatre minois il se pouvait tout lire…

 

Réunies dans la joie par l’avion par le train,

De bière en jus de fruit il sut tout* de ces femmes,

Mais vit, brûlant pour lui, un regard tout de flamme

- Au moment du départ : le Temps est assassin.

 

Des deux regards croisés par-dessus cette table,

L’un à l’autre attachés, seuls au monde un moment,

- Qui dans une autre vie auraient pu être amants -,

Il voulut mettre en vers la rencontre improbable.

 

* Pour ma part j’en doute un peu. Ainsi sont les poètes…

 

JCP 09 2019. Aux quatre inconnues des « Pêcheurs de Sable », quatre sœurs réunies là - d’humeur sympathique, joyeuse et vagabonde (rencontrées le 13 septembre par un ami portant nom Jyssépé).

 

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Un siècle plus tôt, même lieu : pêcheurs de sable, bains et blanchisseries

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9 décembre 2020

BIC FOR EVER*

                    Cet article, daté du 29 Août 2019, où était dénoncée la disparition impromptue de l'orifice vital d'un objet qu'on ne présente plus, retrouve soudain une actualité brûlante :

Le trou que l'on croyait perdu est revenu !

 

* Bic pour toujours

 

Août 2019 : ancien et nouveau modèle accolés - les mots sont inutiles...

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Bic                          

 

                                                          

Tout n’est pas vu, tout n’est pas su,

                                                                          On nous en cache !

Constatation minuscule

au prolongement majeur où se lit la crainte :

Familier au poète où trop souvent sa muse sommeille,

frêle cylindre de cristal dont la facette marque à jamais un doigt

qui l’expose aux huées*,

le Bic a vu, savez-vous, son orifice - utile au passage des airs

pour une course harmonieuse de l’encre au papier -

                                                                                     Disparaître !

 

Trop respirés, tellement souillés,

les airs, les pauvres airs seraient-ils courroucés,

et fuiraient-ils bientôt la surface de la terre

                Qu’il ne soit déjà plus nécessaire de compter avec eux ?

 

À son encre au débit étranglé,

                 S’il devait vivre encore, le poète trouvera-t-il ses mots ?

 

 

 * Baudelaire lui-même fut exposé aux poétophobes.

 

◄►

                                                                     

10/2020 : Constructeur pris de remords ou plaintes pour fuites on ne sait, l'orifice équilibrateur des pressions est revenu, comme vous pourrez déjà le noter chez votre fournisseur habituel.

Il ne serait guère étonnant que nous ayons échappé à un vaste complot à échelle mondiale...

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La macrophoto révèle même de mystérieuses inscriptions gravées, non pas sur le corps du stylo, mais sur le tube interne contenant le précieux liquide - et la multitude des mots non écrits qui aimeraient tant l'être...

 

►◄

Jyssépé, 08/2019 - 12/2020

1 décembre 2020

La mort du poète (1291)

 

 

 

La mort du poète

 

Seule au milieu du lac, la barque de Li Po

Oscille encore un peu. Et, dans la nuit paisible,

On entend les sanglots de la Lune pleurant

Son ami disparu, qui posa un baiser

Sur son reflet dans l’eau - mirage du saké* -,

Et voulut enlacer son amie de toujours.

 

 

 

JCP, 11/2020

* saké : nom générique désignant toute boisson alcoolisée en Chine et au Japon.

                        Li Po (701-762, ère des T’ang) est un des poètes de l’ancienne Chine les plus connus en Occident. Cherchant, comme nombre de ses confrères, l’inspiration dans l’ivresse au clair de lune, la légende veut qu’il ait disparu de cette façon prestigieuse.

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Li Po

28 novembre 2020

Sous-bois (Quatrains, 1274)

 

 

Sous-bois

 

Les flèches décochées de longs rayons solaires

Ont percé le feuillage, et le ciel de sa plume

Avide de lumière écrit un long poème,

Fait des mots du silence à l’encre des étoiles.

 

 

JCP, 11/2020 (im.JCP)

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